J'ai terminé ce matin le jeu avec Scully, après l'avoir fini il y a deux semaines avec Mulder. Car oui c'est un jeu comme Resident Evil 1 ou 2, où on peut recommencer l'aventure dans la peau d'un deuxième personnage.
J'ai bien aimé. Je trouve la partie avec Scully excellente car c'est que du bonheur : c'est plus court, plus simple (donc pas fastidieux de retraverser les mêmes décors) et le point de vue de Scully jette une lumière plus concrète sur cette sombre affaire, permet même de mieux comprendre les événements, tout en passant plus de temps avec la rousse cartésienne.
Oui car avec Mulder j'en ai bavé, à la fois pour finir le jeu et aussi pour comprendre le récit. Il faut dire d'abord que le jeu beugue avec les PS2 Slim. Les voix sont désactivées une fois sur deux dans les cinématiques, ce qui n'aide pas la compréhension… Puis le boss final de Mulder est, comment dire, trop abusé ? Je doute qu'il soit possible. Je n'ai pas trouvé un seul témoignage sur internet qui affirme « oui j'ai battu le boss de Mulder sans tricher ». Car oui il y a des codes de triche : j'ai utilisé l'invincibilité pour en terminer avec ce monstre, quand j'ai repris le jeu après une pause de plusieurs mois parce que bloqué à cet endroit.
Ensuite j'ai donc recommencé avec Scully, avec une PS2 grosse ; les dialogues n'ont plus sauté une seule fois.
En fait ce jeu est le profil même du jeu qui se fait démonter par la critique, car il pêche sur des points techniques très visibles. Je parle de ce bug audio, mais il y a aussi les bandes noires en haut et en bas de l'écran qui écrasent l'image et l'action ralentie, deux phénomènes venant de la conversion NTSC (Etats-Unis) vers PAL (Europe) qui a été faite à l'arrache. Visuellement les visages de Mulder et Scully sont très évocateurs mais aussi très imparfaits et prêtent à sourire (le strabisme de Mulder…) par leurs expressions soit ahuries soit trop immobiles. De manière générale le visuel est grisâtre, flou et avec beaucoup d'effet d'escalier sur les arêtes. C'est donc très facile de tomber sur le jeu sur sa technique.
Mais il ne faut pas ignorer les grandes qualités de Resist or Serve, qui sont sa scénarisation qui accroche, son challenge de survival-horror (à la Resident Evil 2 ou Silent Hill) correct autant en intérêt qu'en accord avec l'histoire, ses dialogues doublés par les acteurs de la série, ses musiques super et l'ambiance très mystérieuse de la première partie du jeu dans la petite ville de Red Falls, Colorado, qui n'est pas sans rappeler Twin Peaks (et dont les rues portent le nom d'épisodes de la série!).
Puis quand même, quel plaisir d'incarner Mulder et Scully dans un thriller fantastique sous la forme d'un survival-horror à la troisième personne… On se balade avec leur lampe torche braquée qui génère un cône de lumière comme dans le générique de la série, c'est juste du caviar quand on aime les X-Files.
D'ailleurs c'est une bonne idée de rendre la lampe torche d'autant plus utile qu'elle fait briller les objets à ramasser dans le décor, et cela rend de fait intéressante la fonctionnalité qui permet de faire tourner sa lampe avec le stick droit (mais malheureusement uniquement quand le perso est immobile – quitte à copier Project Zero autant le faire correctement).
Sans surprise, ce jeu mal fini tombe dans l'écueil classique du « l'angle de caméra change brutalement et je perds le contrôle de mon perso qui ne va plus où je veux ». C'est très chiant mais on fait avec, comme on l'a fait sur Heavy Rain, Final Fantasy X, Obscure et des dizaines d'autres. Il semble que les développeurs ne voient pas le problème avec ce système et ce n'est pas Black Ops Entertainment qui allait révolutionner l'industrie avec le budget serré qui a dû être le sien.
Non ce qui empêche surtout le jeu de briller au sommet, c'est son histoire qui part en cacahuète passé Red Falls (surtout avec Mulder) et son challenge interactif parfois peu précis (les boss qui paralysent le perso aléatoirement sans que j'aie trouvé comment l'éviter) voire carrément bâclé. Je pense au boss final de Mulder, un combat en cinq phases sans sauvegarder. Les quatre premières sont chaudes, surtout la quatrième, mais alors la cinquième… Déjà on n'a plus toutes nos balles et tous nos soins, mais en plus le gros monstre se régénère dès qu'on s'éloigne de lui (alors que nos munitions ne réapparaissent pas, elles !!) et SURTOUT, il a toujours deux ennemis standards en alliés qui eux réapparaissent indéfiniment après qu’on les tue… C'est infernal de suer jusqu'à la phase 5 pour se faire démonter en deux-deux dans un combat où l'on n'a aucune chance de réussite.
Mis à part ces deux points, Resist or Serve est un plaisir à faire, surtout si on s'autorise l'usage de cheat codes pour le dernier boss de Mulder. Les échanges entre Mulder et Scully sont vivants, parfois des dialogues interviennent en pleine action, hors cinématique, ce qui dynamise les phases de jeu. La progression est ponctuée de moments originaux : fuir l'huile noire, autopsier des cadavres, examiner des objets de l'inventaire en 3D comme dans Shenmue…
Quelques bonnes raisons de plus de se réjouir : les chouettes musiques de la série, le carnet de notes bien foutu et intéressant (avec cependant la petite invraisemblance du remplissage instantané alors que le personnage est en pleine action) et le fait que la plupart des cadavres restent par terre et tachent nos godasses de sang quand on marche dessus !
Voilà donc un chouette survival-horror X-Files, bien prenant !
Verdict = vaut le coup !