2020
Mon dernier niveau a été gâché par un bug faisant échouer les sauvegardes (CE-30028-3). Je jouais en mode de difficulté extrême et, en mourant au cours du niveau, j’étais condamné à recommencer du début du niveau. Après trois ou quatre tentatives, je suis passé en mode facile pour être en mesure de terminer le niveau d’une traite. C’est dommage car ce chapitre est plein de scènes épiques qui mettent bien la pression en mode extrême. La musique est au diapason des enjeux, j’étais à fond dans la bataille pour défaire Skynet une bonne fois pour toutes.
Sans avoir trouvé le jeu génial, sa réception critique franchement froide me choque car comparé à un Uncharted Lost Legacy vide mais acclamé de partout, Terminator Resistance est arrivé à me raconter quelque chose, à m’immerger dans une histoire.
J’aime bien l’effort que les développeurs ont fait sur le scénario. On a un récit intelligible de bout en bout avec pas mal de surprises et une grosse connexion avec les deux premiers films de la saga, puisque Resistance comble le vide concernant le Futur avec rien moins que la lutte aboutissant au départ dans le passé du T800 (Terminator 1), du T1000 (Terminator 2) et de l’Infiltré (un Terminator venu du futur qui a poursuivi le héros pendant tout le jeu).
Après ce n’est pas du génie non plus car il y a pas mal de gras avec des opérations militaires génériques (aller photographier des tourelles, trop bien) et un personnage principal souvent trop peu impliqué par ce qui lui arrive, pas assez mis en difficulté moralement et physiquement, trop lisse (il y a des exceptions : j’aime quand il découvre le Refuge dévasté, et j’aime aussi quand avant cela il doit mentir à quasiment tout le monde dans le Refuge pour d’une part faire déguerpir ceux qu’il aime et d’autre part cacher à Baron et Alvin sa complicité avec Mack).
Mais comme je disais l’histoire ménage de chouettes surprises et quelques mystères, avec ce mystérieux robot à l’apparence humaine qui traque le héros (d’ailleurs c’est dans ce récit que les humains découvrent les Terminators à l’apparence humaine!) sans qu’on sache pourquoi, et puis cet Etranger qui au contraire protège le héros. Perso j’ai pensé que l’Etranger était le héros venu du futur au moment où celui-ci a refusé de lui dire qui il était en prétextant que cela pourrait changer le cours des choses…
Resistance poursuit aussi le thème du voyage dans le temps initié par les deux premiers films. Quand ça reste mystérieux c’est délicieux, quand le jeu commence à développer son idée malheureusement j’ai perçu des trous dans la raquette…
A la fin comment Jacob Rivers peut-il nous raconter la période après la guerre (avec les robots figés qui rouillent et des oiseaux qui se posent dessus, la flore et la faune reprenant leurs droits) alors qu’il est parti dans le passé ?
Qu’arrive-t-il à Jacob Rivers dans le passé après la fin du jeu ? Survit-il, au contraire de son homologue ?
Si le Jacob du futur a pu être surpris par l’embuscade de Skynet, cela sous-entend que dans sa version de l’histoire, Skynet s’est fait avoir ; comment alors Skynet a-t-il eu le temps d’envoyer ses Terminators dans le passé, alors que dans le jeu si Skynet y arrive c’est uniquement parce qu’il a retardé dans un premier temps la destruction de son réacteur principal ?
Le Jacob du futur a-t-il lui aussi été aidé dans son histoire par un Jacob du futur ? Si oui, à la combien-tième version en sommes-nous ? Et quelle était la toute première version ?
Quand notre Jacob débarquera dans le passé, va-t-il y avoir trois Jacob dans cette version de l’histoire, ou bien seulement deux et si oui pourquoi ?
Le Jacob du futur a-t-il perdu ses amis dans le Refuge quand celui-ci a été attaqué ? Est-ce pour cela qu’il dit à Jacob de les faire partir ?
Pourquoi le Jacob du futur ne parle-t-il pas directement à Baron comme il semble avoir parlé directement à Connor ?
Voilà les questions que je me pose et qu’il aurait été chouette de développer dans l’histoire.
Rien à voir mais un détail que j’ai apprécié, c’est comment les dialogues des PNJ ne se recouvrent pas quand on est dans le Refuge. En effet je me souviens de Metro 2033 et c’était la même ambiance, un couloir étroit sous terre avec des PNJ de partout, sauf que là ils parlaient tous en même temps et c’était impossible à suivre ! Resistance a bien fait attention à ne pas déclencher plusieurs échanges à la fois, merci à lui.
Le jeu tourne à 60 images par seconde sur Pro, à peu très tout le temps, c’est super ! Les explosions et les effets de lumière sont jolis comme tout.
Je passe encore à autre chose, un défaut du jeu est qu’il nous embourbe souvent dans du pillage compulsif de tous les objets qui traînent. Ces objets sont utiles pour in fine améliorer ses armes et fabriquer des consommables, tout comme l’exploration systématique permet de tomber sur des livres qui débloquent les compétences qui nous font de l’œil dans le menu, mais… qu’est-ce que c’est chiant et pas fun, pas intéressant ! Qui a pu penser un jour que se balader en fouillant tous les tiroirs de chaque pièce, le moindre recoin, pour frénétiquement ramasser tout ce qui brille et revêtu du dessin de la touche carré, a LE MOINDRE INTÉRÊT ?
En fait je comprends la logique car ce mécanisme ludique crée une addiction ; chaque objet ramassé est vécu comme une petite victoire étant donné ce qu’on peut faire avec, ça doit générer une substance apaisante dans le cerveau qui fait du bien. Mais au sortir de l’aventure j’en retiens quoi de cette partie majeure de mon temps avec Resistance que j’ai passée à piller ? RIEN DU TOUT ! Voilà ce que j’en retiens.
Un autre problème est que le jeu ne nous oppose que peu de difficulté, même en mode extrême. Oh je mourais vite, ce n’est pas ça le problème. Mais plus, le jeu nous donne en permanence 50 possibilités pour triompher de ses épreuves, et les 50 se valent. On choisit parmi les 50 comme on choisit les arômes de sa glace triple boule.
Ah, je me rappelle ému de ces moments dans Deus Ex Invisible War où je me grattais la tête devant une épreuve pour trouver UNE SEULE solution !! On en est loin ici ! Je pouvais passer chaque Terminator avec :
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mon sniper plasma de loin
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mon fusil d’assaut plasma de dos dans la tête
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mon couteau d’extermination
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mon piège laser
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ma grenade artisanale
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ma grenade à main
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l’explosion du réservoir de carburant à côté duquel il patrouille
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un leurre qui l’envoie patrouiller où je veux qu’il aille
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un chemin alternatif pour l’éviter
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mon stimulant anti-douleur pour l’affronter face à face
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mon stimulant vitesse pour foncer devant lui
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mon stimulant réflexe pour me faciliter n’importe laquelle de ces solutions
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une bombe collante à faire exploser sur sa patrouille
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la tourelle plasma sur sa patrouille que j’ai piratée
C’est trop facile !!! J’ai envie de dire au jeu : tu me donnes toutes ces possibilités, ok, mais donne-moi un challenge qui me les fasse exploiter ! Si je n’en ai besoin que d’une seule, où est l’intérêt ?
Bon, à côté de ça, à côté de ses niveaux les plus ennuyeux et démotivants, Terminator Resistance réussit régulièrement à retendre son récit et à renouveler ses enjeux ludiques, ce qui est rafraîchissant à chaque fois, d’autant que ça s’inscrit dans une montée en puissance libératrice du personnage. Au début on ne peut tuer les Terminator qu’avec des explosifs. Quand on découvre les tourelles à pirater c’est jouissif. Quand on nous donne les fusils à plasma, le jeu change. Quand on combat notre premier T-47, on flippe ! Quand à la fin on nous donne lance-roquettes, minigun plasma et des puces à foison pour débrider la puissance de feu, le jeu change aussi. Les compétences qu’on débloque, même principe.
Après c’est clair qu’on perd tout à fait le sentiment d’impuissance qu’on ressent au début face aux robots, au moment où l’on gagne les armes à plasma. De machines redoutables à détruire exclusivement à l’explosif à ses risques et périls, les Terminator deviennent juste des ennemis plus résistants que les autres. Le jeu ne joue clairement pas longtemps dans le registre de la survie.
Puis enfin, je pense que les développeurs ont vraiment réussi leur ambiance. Les décors sont chouettes, les musiques tantôt tristes tantôt effrayantes, il y a plein de personnages humains, notre héros parle, l’histoire a du corps, les effets pyrotechniques, laser, feu, sont au top, les résistants humains vivent dans des taudis et ont tous vécu des drames qu’ils nous racontent si on insiste.
Les quêtes annexes ajoutent un supplément d’âme : le mari d’Erin qu’elle espérait revoir un jour qu’on découvre mort, la parano qu’on cherche à aider et dont on précipite la fin…
J’ai bien apprécié les échanges de tir, les sons et les effets visuels nous font sentir qu’on s’acharne sur de la ferraille.
Je me suis senti dans l’histoire, j’étais dedans et au final j’ai apprécié le voyage, merci le scénario.
Et bizarrement je n’ai pas été gêné par les choix à faire dans le jeu pour le personnage. Peut-être parce que tel que Jacob Rivers est écrit, il aurait vraiment pu prendre l’un ou l’autre des chemins, à chaque embranchement. D’ailleurs l’épilogue me donne raison puisqu’on entend Jacob revenir sur chacun de ses choix et le justifier. Preuve que le personnage est écrit de telle sorte que tout ce qu’on nous propose de décider à sa place reste dans le cadre de ce que LUI peut faire.
Mine de rien c’est une situation bien différente de celles que je connais dans le jeu vidéo. Dans The Walking Dead de Telltale, Lee ne dit quasiment rien sans le joueur (même si sa bouille expressive est touchante et la chaleur de son timbre bien à lui). Dans Mass Effect 2, Shepard existe seulement via sa mission et le background qu’on lui choisit en début de partie. Dans Terminator Resistance, Jacob Rivers ne nous attend pas pour exister. Il parle régulièrement sans notre intervention, il montre de la compassion. Son « godammit ! » quand il explore le Refuge en feu l’assoit comme entité indépendante.
Et quand le jeu nous demande de choisir pour lui entre A et B, c’est que Jacob pourrait très bien choisir A ET B. Je veux dire, son côté boy scout con-con expliquerait tout à fait qu’il protège le gentil Ryan au Refuge en ignorant l’avertissement de l’Etranger ; mais ses valeurs de soldat et sa prudence peuvent aussi l’amener à le trahir auprès de Baron pour qu’il soit expulsé et bien à l’abri du danger potentiel.
J’ai peut-être plus de mal avec la possibilité de coucher avec Baron et tuer Mack. Un mec moral comme Rivers ne pourrait pas coucher avec une femme à qui il est en train de mentir et en plus en pensant à une autre (Jennifer) dont il est amoureux. Pareil pour Mack, je vois pas comment Rivers aurait pu l’assassiner, il me semble trop bon pour ça.
Verdict = ok