Star Wars le pouvoir de la force nous invite à suivre le périple de l’apprenti secret de Dark Vador, STARKILLER, entre les épisodes 4 et 5 de la saga. Ca, si vous suivez un peu l’actu des jeux vidéo, vous le savez donc je ne vais pas m’apesantir.
Ce qu’il faut dire c’est que le récit de cette histoire est bien servi par des cinématiques assez longues et réalisées en images de synthèse. Si on met bout à bout toutes les cinématiques et qu’on écrit un résumé de toute l’aventure, force serait d’admettre qu’on tient une base intéressante pour un conte palpitant.
Sauf que le pouvoir de la force perd le fil de son suspens dans de vastes environnements où le joueur tape sur des tonnes d’ennemis insignifiants, dans des décors trop exotiques et finalement hors-sujet de l’intrigue (voir la forêt de champignons). On perd un temps fou à se détacher des enjeux psychologiques (Starkiller trahira-t-il son maître Vador ?) et politiques (l’alliance rebelle et Bail Organa survivront-ils quand Starkiller déchaînera le « pouvoir de la force » ?) pour se confronter à de bêtes « arènes de jeu de baston».
Le système de combat quant à lui tente des choses mais manque de précision et de souplesse. Attraper un objet par la pensée et l’envoyer sur quelqu’un est aussi dynamique et rapide que manipuler une grue de construction : il faut tourner le jedi vers l’objet, s’assurer que le symbole de la cible est bien sur l’objet, corriger son orientation au stick gauche si nécessaire (ce qui est impossible sans déplacer le personnage !), maintenir la gâchette R2, hop ! la caméra se centre alors sur l’objet en lévitation, bouger la caméra pour faire tourner l’objet autour de nous et mettre notre cible en ligne de mire, incliner le stick gauche vers la cible à abattre et relâcher R2, l’objet file comme une fusée dans sa direction comme téléguidé. Le plus lourd est bien sûr de déplacer la caméra pour mettre l’objet face à la cible, opération durant laquelle le jedi est totalement vulnérable.
Et je parle de manque de précision aussi tout simplement car les commandes ont parfois un temps de latence avant d’être exécutées, que le jeu semble lent à faire ce qu’on lui dit, que le symbole de verrouillage se met sur les objets face au personnage mais qu’on ne contrôle son orientation qu’en courant…
L’autre grosse déception qui m’a pris la tête les premières heures, c’est qu’on fait des combos de sabre laser sur des ennemis. Pardon mais quand je regarde Star Wars, si un jedi s’amuse à faire un combo sur un ennemi il le hâche menu, sous entendu le sabre laser coupe ultra facilement au premier contact et sans effort. Dans le pouvoir de la force, c’est comme si on tapait avec un gourdin lumineux qui en plus traverse les corps sans raison ! Donc on oublie bien vite le fantasme de vivre vraiment des combats de laser où le sabre coupe avec précision ce qu’il touche dès la première attaque (comme dans les films). Les développeurs ont choisi la bonne vieille barre de vie pour les adversaires et n’ont fait preuve d’aucune créativité dans ce domaine, se réfugiant dans le statu quo du jeu de sabre ringard.
Néanmoins ils ont créé un contrôle de jedi, c’est original et un minimum remarquable. On fait des bonds très haut, on électrocute comme l’empereur, on attrape et lance des objets massifs, on soulève des ennemis pour leur lancer le sabre laser et les empaler et les envoyer dans d’autres ennemis… Il n’y a pas vraiment de génie dans le contrôle, rien que l’on n’ait pas vu dans un autre jeu de baston en terme d’ergonomie, mais au moins le contrôle est plus riche qu’un bête shooter à la troisième personne et l’on a besoin d’apprendre de nouvelles règles, se déplacer dans des scènes à l’étendue pensée pour des déplacements de jedi à grand coup de doubles sauts et de dashes, parfois se livrer à de petites séquences de plate-formes…
Très bon point (de détail), les ennemis tressautent comme des haricots à chaque tir de blaster encaissé. C’est mieux que dans à peu près n’importe quel FPS leur réaction physique parfois frénétique quand on enchaîne avec le sabre les retours à l’envoyeur !
Pour avoir fini le jeu en normal, ce n’était pas très folichon en terme de challenge, beaucoup trop simple et brouillon. L’autre gros défaut de l’histoire c’est la psychologie très sommaire de tous les personnages, Starkiller en tête. En résumé : contrôler un jedi c’est cool, la réalisation graphique est correcte, les cinématiques sont intéressantes mais le jeu est répétitif, peu signifiant dans la narration, et la psychologie des personnages est faiblarde. Il aurait fallu plus développer le scénario, supprimer tous les bouts de gras qui constituent la majeure partie de la composante jouable et là on aurait commencé à avoir un bon truc.
Heureusement j’en ai eu un bon aperçu dans les extensions, présentes dans l’édition Ultimate Sith et que j’ai terminées pour l’occasion en mode maître Sith (difficulté 4/4 débloquée après avoir fini le jeu). Là les développeurs se sont lâchés et offrent trois mini scénarios « alternatifs » : Starkiller explore un vieux temple jedi et affronte son moi futur démoniaque après pas mal d’énigmes et combats retors ; Starkiller démon traque les plans volés de l’étoile noire sur Tattoine, interroge Jabba, tombe dans le même piège que Luke des années plus tard et arrive sur le quai d’envol du Faucon alors même qu’il décolle, et affronte alors Obi-Wan Kenobi ! Et le meilleur pour la fin : sur Hoth, Starkiller traque les rebelles dans leur base sous les glaces et rencontre Luke Skywalker qu’il va soumettre pour en faire son disciple au terme d’un combat impitoyable où la puissance électrique du Sith lui sera d’une grande aide (là je parle d’une séquence jouable !). Ca tue, c’est inventif, prenant, difficile, c’est le pouvoir de la force à son meilleur et bien supérieur à l’aventure principale.
Pour l’anecdote, sur Hoth, Starkiller démon étrangle par la pensée son contact radio qui a fait du mauvais boulot : même la caractérisation du héros est meilleure que dans l’histoire !! On sent que les développeurs se sont amusés à faire ces extensions.
Le mode maître Sith combiné à l’ensemble des pouvoirs accessibles dès le début de l’aventure aurait été également une bonne base pour un meilleur pouvoir de la force.
Verdict : ok