Ce jeu est un pointer-cliquer en vue subjective, où chaque scène peut être observée à 360 degrés.
Une enquête policière sur un meurtre rituel à Paris dans les Années Folles dans la peau d'un privé américain, pourquoi pas ? Et franchement l'explication du meurtre, le mystère à percer, est à la fois complexe, fantastique et cohérent (pour le format court du jeu : on le finit en cinq heures si on sait quoi faire).
Sur le papier le système de jeu était très ambitieux. Contrairement à d'autres jeux du même genre où l'on peut lancer une conversation avec un personnage indéfiniment jusqu'à ce qu'on pose la bonne question, dans Post Mortem on peut foirer ses dialogues (on choisit à la fois le sujet ET la façon de le tourner) : l'interlocuteur se referme alors comme une huître. Dans ce cas on est bloqué ? Non, car le jeu « ouvrira » magiquement, sans aucune cohérence, une autre voie, invisible jusqu'alors. Par exemple, il fera apparaître un marteau à côté d'une boîte à outils là où il n'y avait rien la dernière fois que l'on est passé.
En plus, ce système que je décris le jeu ne l'explique pas du tout. Au début on se retrouve donc catapulté dans des dialogues où l'on peut choisir pour chaque phrase l'émotion à incarner sans aucune idée de l'impact que ça a. Et puis une fois que l'on a compris, grâce à une soluce ou à l'empirisme, que le jeu se contorsionne pour ne pas qu'on reste bloqué, on se fiche bien d'analyser finement la psychologie de nos interlocuteurs pour trouver les bonnes phrases à leur répondre. On répond ce qu'on a envie, avec la sévère impression que les « bons » choix élus par les développeurs sont de toute façon bien arbitraires, improbables à deviner, et on fera donc avec ce que le jeu nous donnera ensuite.
Les énigmes manquent singulièrement d'élégance et de pédagogie, et m'ont poussé à utiliser la soluce (fournie dans le dossier du jeu… pour l'édition en boîte en ma possession).
Le crochetage de serrure : on a 5 outils, quatre doivent être placés dans la serrure et chacun d'entre eux doit être positionné dans une parmi trois positions. Cela fait beaucoup de combinaisons possibles direz-vous. La solution ? Toutes les essayer. Quand on actionne la serrure, si un des outils est bien placé et bien positionné, il reste immobile. Il n'y a plus qu'à tout essayer…
L'alchimie : on est censé parvenir à associer des planètes du système solaire à des dessins de paysages terrestre, genre un phare. Pardon ??
Et puis quand on a la possibilité de demander à Bérénice de « faire une fausse lettre à partir de ces documents » on ne sait même pas quels documents le héros mentionne… L'idée est de montrer une lettre avec une certaine écriture à Bérénice pour qu'elle écrive une autre lettre en l'imitant, mais le jeu ne nous laisse pas 1) trouver l'idée nous-même car il la présente directement comme un choix de dialogue (et ne nous laisse pas mettons choisir la lettre dont il faut imiter l'écriture dans l'inventaire et la cliquer sur Bérénice) et 2) choisir le document dont il faut imiter l'écriture. Le rebondissement venant ensuite qui verra le portier d'un club privé refuser la lettre car il ne reconnaît pas l'écriture fera alors un flop !
Je dirais donc que le challenge de Post Mortem est profondément raté, il était raté dès la conception sur le papier.
Et si on considère la réalisation il y a de la recherche d'objet souvent pétée : un coup les objets à ramasser, modélisés en 3D, ressortent à mort dans les décors fixes et précalculés (il faut le voir pour comprendre), un coup il s'agit de trouver une zone où le curseur se change en loupe sur une surface graphique précalculée et là c'est très dur parce que justement rien ne ressort (je pense à toutes les bibliothèques du jeu où parfois tu as UNE petite zone interactive pas du tout évidente et parfois non, ou alors l'affiche chez les Eaton dont un des coins cache une petite clé).
Le jeu est parfois tellement obscur qu'il appelle de façon éhontée à la soluce. Je me suis souvent retrouvé perplexe et sans espoir de trouver la solution par moi-même.
A côté de ça les doublages ne sont pas si mal et le mystère est intéressant. Les personnages par contre sont assez moches et pas très bien modélisés (le cou de la voyante et sa texture étirée, le dos de Bérénice et ses bretelles) et le héros ne montre pas beaucoup de personnalité du fait que l'on choisit toutes ses réactions émotionnelles ou presque. C'est un énième type détaché de tout finalement, même si de son look transparaît une certaine fraîcheur de jeunesse.
Verdict = dispensable