2020
Il s’agit d’un visual novel, genre dont je n’ai encore fait que le court One Night Stand sur PS4. Ma foi Dee Dee était intéressant. Les auteurs expliquent avec humilité leurs intentions au début de ce court jeu (2 heures pour tout voir). Ils veulent « jouer avec le genre du thriller érotique », whatever that means… Concrètement on est dans la peau d’un lycéen qui se retrouve à devoir faire un exposé en binôme avec une fille qui lui retourne le cerveau, Danica Dee. Chez elle, le fait qu’elle se balade en sous-vêtements, son goût affiché pour le sexe dans les films (Eyes Wide Shut en l’occurrence) et la révélation qu’elle travaille comme mannequin achèvent de le rendre complètement maboule ; à partir de là il va s’imaginer Dee Dee comme une victime à son corps défendant de proxénètes qui l’exploitent et la font chanter…
C’est intéressant car le personnage, s’il se montre très banal dans ses réflexions au début de l’histoire, part vite dans une direction idéologiquement et psychologiquement grise, avec pêle-mêle fantasme de viol, pensée qu’une femme qui aime le sexe est forcément une victime de quelque chose, désir teinté de paranoïa, comportement dangereux et illégal… C’est complexe.
Il y a quatre fins différentes selon nos choix lors de deux-trois scènes clefs du récit, ce qui est un peu la marotte de ce genre de jeux. J’ai du mal à adhérer au concept du « et si ça s’était passé autrement ? », je trouve ça bête et artificiel, comme rentrer au chausse-pied une interactivité qui n’est pas du tout le propos de toute façon. Surtout que les choix n’ont pas grand-chose à voir avec le déroulement au final (sauf pour la fin LOTR) puisque rien ne permet vraiment de prévoir leurs conséquences. On est encouragé à relancer l’aventure une fois l’histoire terminée, pour découvrir chaque fin… Mais évidemment on zappe alors tous les dialogues avant les embranchements.
Mouais, cela aurait-il été tellement moins bien d’avoir une seule histoire ferme et définitive ? Un personnage qui fait ses propres choix à tous les moments plutôt que d’en laisser arbitrairement certains aux joueurs ? Je ne suis pas sûr.
Accessoirement, le personnage principal affiche un mépris certain pour les poitrines opulentes. Il m’a fait penser à un créateur de mode français dans son éloge de la forme athlétique du corps féminin.
Malgré un côté cheap dans la réalisation (la salle de classe vide…) et l’aspect scénario à embranchements auquel j’adhère à moitié, je n’ai pas perdu mon temps avec Dee Dee. J’y ai trouvé des petites histoires à l’écriture plus adulte que dans mes jeux habituels.
Verdict = ok