Deathspank est un petit jeu dématérialisé développé par le studio Hothead. Le générique de fin est intéressant car il présente la liste des membres d’un bloc par ordre alphabétique sans attribuer une fonction à chacun ; comme si tout le monde pouvait s’occuper de tout. Pour la petite anecdote, Valve a procédé aussi ainsi dans le générique de Portal 2.
Tout cela pour ne pas dire grand-chose en vérité. Deathspank est un action-RPG dans un monde ouvert sous la forme d’une petite planète (sphérique) sur laquelle on se balade en vue de dessus-diagonale (mais pas trop haut, avec la possibilité de zoomer et d’incliner la caméra légèrement à droite et à gauche). L’effet est original et, couplé avec la direction artistique faite de couleurs pastels et d’éléments aplatis (arbres, maisons…), confère à Deathspank une identité visuelle reconnaissable – à défaut d’être époustouflante.
La trame, les dialogues, les quêtes, les entrées des menus… toute l’écriture de Deathspank est au troisième degré, se moquant ouvertement (et lourdement) de tous les clichés des RPG. Le héros se proclame lui-même « héros », celui qui « dispense la justice », et tous les personnages secondaires, au lieu de remettre cet abruti et sa grande gueule à sa place (le doublage du personnage est tellement outré et exagéré que j’ai coupé le volume des voix), le caressent dans le sens du poil et lui donnent des quêtes ridicules, que Deathspank, c’est son nom, accepte sans broncher.
Donc le jeu Deathspank a le derrière entre deux chaises, d’un côté l’écriture semble brocarder tous les clichés irritants du genre, d’un autre le jeu dans son design et sa structure se vautre dedans (et pas si mal car le jeu est efficace). Deathspank fait le grand écart entre son écriture qui met une distance infinie avec le genre (méga mise en abîme) et le challenge timoré qui repose à fond sur les objets randoms ramassés, les quêtes secondaires absurdes par dizaines, l’évolution du personnage par l’équipement et les points d’expérience…
Je ne suis pas bien convaincu par la proposition car je n’ai ni ri (ou très peu) ni été surpris par le challenge très classique pour ce type de jeu. J’ai lu certaines critiques reconnaître une originalité dans le côté pointer-cliquer de certaines quêtes, où il convient d’utiliser tel objet à tel endroit pour avancer. Oui, mais je répondrais que ce n’est pas pour autant que le jeu nous fait chercher : en effet on ramasse des « fortune cookies » par dizaines permettant de débloquer des « indices » pour chaque quête donnant tout bonnement la solution. Donc le jeu ne fait pas « chercher » le joueur, mais il a le petit mérite de proposer trois ou quatre actions du genre rigolotes (verser des épices sur la nourriture mangée par les licornes pour qu’elles fassent caca et pouvoir récupérer leur étron magique… no comment).
Malgré tout j’ai marché car les combats sont sympas, reposant sur un système de parade au bon moment pour avoir le droit de déclencher une attaque spéciale et dévastatrice. L’exploration du monde à la recherche de butins, de quêtes, d’ennemis et de secrets est sympathique. Le choix de ses armes et l’apprentissage de ce à quoi sert chaque objet est intéressant. Enfin le jeu a le bon goût de ne pas être trop long, donc assez respectueux de notre temps.
Notez qu’on ramasse énormément d’objets et d’argent qu’on n’utilise pas car on n’en a pas besoin, le jeu se laissant battre avec du skill et le bon équipement même en mode difficile. Du coup j’ai souvent jeté un objet de mon inventaire pour pouvoir en ramasser un autre qui se révélait finalement tout aussi inutile… A mon avis il y avait du gras à enlever à ce niveau (je pense aux potions et pierres de magie surtout, d’autant qu’on peut en acheter aux boutiques – boutiques qui ne m’ont du coup servi à rien).
Verdict = ok