La dernière heure du jeu remonte le niveau. La prise de la colline 400 brise la monotonie, tandis que le combat dans les rues de la dernière mission nous met la pression avec plein d’ennemis bien à couvert qu’on ne peut abattre qu’en tirant dans la tête. C’est un peu plus difficile, même si les points de passage ultra fréquents et le système de vie qui se régénère automatiquement nous facilite grandement le travail.
Le premier problème que j’ai avec ce jeu, c’est au niveau des impacts de balle sur les ennemis. Ils génèrent un faible nuage de sang mais ne sont pas modélisés, même temporairement. Quand on a joué à Killzone 2 ça fait mal de revenir à un FPS où les retours visuels des impacts sont aussi pauvres et illisibles, même dans le décor. Même l’antique Time Crisis 2 (voire 1), même dans un style arcade et coloré, avait un sacré peps avec ses impacts façon bédé sur les ennemis (une espèce de grande étoile orange qui « flashe » à l’endroit de l’impact). Call of Duty 2, j’y ai joué sans le réticule, en essayant de tirer au jugé sur les nazis, et bien c’était la galère. Les armes ont une dispersion de malade, quand on tire en automatique on a plus l’impression de balancer une soupe en continu plutôt qu’une succession de balles individuelles.
Je déconseille l’affichage du réticule dynamique car il gâche vraiment le spectacle. Cette surimpression sur l’écran agit vraiment comme un obstacle entre nous et l’univers, dans le cas de ce jeu en particulier.
Le paradoxe de Call of Duty 2 c’est qu’il veut vraiment nous immerger dans le guerre, mais offre bien souvent un spectacle ridicule. Soldats ennemis comme alliés se tirent dessus sans discontinuer, en s’exposant souvent bêtement au feu ennemi. On se dit que tout le monde a bien trop de munitions et surtout que tout le monde n’en a rien à fiche de sa propre vie, c’est vraiment con. Je me dis qu’à l’époque bien des échauffourées devaient être beaucoup plus timorées, avec des soldats qui osaient à peine sortir le nez de leurs abris pour tirer, bien plus de replis ou de fuites côté allemand, etc.
Là c’est la grande foire d’empoigne, tout le monde tire sur tout le monde et court dans tous les sens. C’est ridicule et ça rend l’action très confuse.
Le drame de Call of Duty 2 c’est aussi d’être très peu clair sur la question pourtant cruciale du « est-ce que oui ou non j’ai tué cet ennemi au loin après lui avoir tiré dessus ? »
Encore une fois je pense que la vraie vie ne laisserait pas beaucoup de doutes, avec ses balles meutrières (quasiment personne ne survit en vrai à un tir, là où dans COD 2 il faut trois balles pour tuer) plus précieuses (en quantité moindre), ses soldats moins nombreux et au comportement peureux, ses blessures sanglantes impitoyables et ses cris horribles. Call of Duty nous donne une vision superficielle et bête de la seconde guerre mondiale, finalement pas réaliste pour un sou.
Et puis je n’enfonce même pas la porte ouverte de la régénération automatique, l’ultime sacrifice de l’expérience sur l’autel d’un « fun » bien peu approprié.
Même la structure du jeu est critiquable. De niveau en niveau on se trouve parachuté à différentes scènes de guerre, dans la peau d’un soldat sans visage qui suit les ordres d’un supérieur. Il n’y a pas d’histoire comme dans un film ; le jeu est une simple succession décousue de scènes de guerre. Quel manque d’ambition !
Heureusement le jeu reste agréable à parcourir grâce à son rendu graphique « propre » et à son animation fluide à soixante images par seconde. Cependant encore une fois les animations des soldats sont bien faibles, les mouvements des corps sont « cheapissimes ». Mention spéciale à l’ennemi qui nous donne un coup de crosse, il semble littéralement glisser sur le sol vers nous pendant son attaque.
A part ça les armes font vibrer la manette quand on tire, ce qui est cool pour l’immersion.
Ah oui et le jeu est blindé de « scripts », c’est-à-dire qu’à bien des moments le jeu attend que l’on arrive à tel endroit pour que l’action continue, pour que les ennemis débarquent, etc. Souvent cela a pour effet de tuer un peu l’illusion. On voit l’envers du décor, les rouages du jeu, ce qui fait que c’est un théâtre programmé et non une vraie expérience de guerre.
Verdict = dispensable