Syberia 3 | The Complete Journey (PS4)

Développé par : MICROIDS (France) et KOALABS (France)

Sorti à l’origine en : avril 2017 (Europe, version PS4)

Comment j’ai pratiqué : Terminé en 22h (8 sessions entre avril 2024 et mars 2025), sur PS5 et PS4 avec la manette Dual Shock 4 équipée de la fixation dorsale de commande. 60 images par secondes (parfois mais pas toujours ? instables en tout cas). Version 1.05. Textes et voix en Français, avec sous-titres.

Bidouilles diverses : J’ai affecté le bouton R2 sur les palettes droite et gauche de la fixation dorsale de commande. C’est pour courir. C’est bien plus agréable et confortable que de maintenir en permanence la gâchette (R2) enfoncée !

Entrez dans le monde enchanteur du chef d’œuvre de Benoit Sokal.

Kate Walker est retrouvée mourante sur un rivage par la tribu Youkole, un peuple nomade accompagnant leurs autruches des neiges en pleine migration. Ensemble, coincés et prisonniers de la ville de Valsembor, ils devront trouver un moyen de poursuivre leur périple, dans une course-poursuite contre leurs ennemis et des obstacles insoupçonnés. Sans compter l’ancienne vie de Kate qui commence à la ratrapper…

Un univers à la narration exceptionnelle, imaginé et dessiné par Benoit Sokal, et mis en musique par Inon Zur

Découvrez un monde enchanteur, mysterieux et plein de vie à explorer entièrement en 3D.

Plongez dans l’histoire, les énigmes originales et les mystères de la fabuleuse aventure d’une héroïne incomparable.[1]

Notez que j’ai nommé l’article « The Complete Journey » car j’ai parcouru aussi le DLC un plan bien huilé et que je n’ai pas souhaité le critiquer dans un article à part. Mais pour être tout à fait juste, cette édition « complète » n’existe que sur PC, pas sur PS4 – où le DLC doit être téléchargé à part, mais gratuitement au moment où j’écris ces lignes… Voici la présentation de ce DLC :

Découvrez « Un Plan bien Huilé », une nouvelle aventure prenant place dans l’univers enchanteur de Syberia 3 ! Incarnez Oscar, le célèbre automate, et percez le mystère de la disparition de Kate Walker ! Oscar a bien plus qu’un cœur de métal… C’est aussi un fin détective et un véritable comique malgré lui qui vous surprendra à plus d’un titre ! Vivez une histoire pleine de suspens et d’humour dans l’univers de Syberia 3, imaginée et dessinée par Benoit Sokal.[1]

C’est mon épisode préféré pour l’instant de la saga Syberia. Kate Walker n’a jamais été aussi attachante. Elle montre plus d’empathie, elle s’exprime plus, la caméra s’attarde plus sur son visage, sur son corps… Les cinématiques sont bien plus nombreuses et longues qu’auparavant, et elles mettent beaucoup plus en scène des relations interpersonnelles. Dans les deux premiers opus, on parcourait des lieux souvent vides de vie humaine, à de rares exceptions près. Syberia 3 au contraire nous fait voyager avec toute une troupe d’amis migrants, les Youkols, et traverser une ville avec – incroyable ! – des gens !

Les deux premiers volets étaient réalisés en 2D et les quelques cinématiques étaient de petits films réalisés entièrement en images de synthèse. Syberia 3 est tout en 3D donc les développeurs ont pu élaborer des cinématiques exploitant le moteur graphique, avec le rendu du vidéogiciel tel qu’on le pratique.

Je dirais que Kate est bien plus expressive et sensible qu’avant. Je trouve qu’elle n’a jamais été aussi belle que dans cet épisode !

C’est une femme qui a claqué la porte de sa vie d’avocate américaine cynique pour embrasser des enjeux bien plus pressants et essentiels, voire existentiels ; d’abord l’accompagnement d’un génial inventeur mourant dans le voyage de ses rêves (Syberia II) ; puis ici, le sauvetage de la tribu Youkole qui lui est venue en aide à de multiples reprises, confrontée à une politique raciste et à un groupe de russes extrêmement dangereux (des militaires de mèche avec une directrice d’hôpital menant des expériences inhumaines sur ses patients). Il s’agit ici pour Kate d’œuvrer pour la sauvegarde d’une culture, celle des Youkols accomplissant la transhumance des autruches ; mais aussi de simplement sauver les vies de cette communauté, humaines et animales, et de s’opposer au Mal incarné par des héritiers soviétiques du nazisme.

L’histoire, la musique, le challenge interactif, l’ambiance visuelle envoûtante m’ont aisément embarqué. J’ai trouvé les énigmes d’un bon niveau, à la fois moins difficiles que précédemment, mais suffisamment résistantes. Il y a toujours des machines intimidantes à réparer avec des tonnes de points d’interaction, mais on finit toujours par comprendre. Pas eu besoin de soluce à aucun moment ! Mais de la persévérance, oui ; souvent pour trouver un objet un peu caché nécessitant de bouger la caméra.

J’ai apprécié aussi que le VG nous autorise à accomplir des actions avant que celles-ci soient évoquées ou commandées par un personnage secondaire, et surtout que le dialogue résultant soit adapté en fonction, avec Kate épatant son interlocuteur par sa prévoyance incroyable ! C’est une belle reconnaissance de notre action à la manette.

Techniquement il y a tout un tas de petits défauts qui m’ont fait pesté assez régulièrement, mais dont je ne tiens pas grande rigueur au VG au final. L’essentiel est accompli – une aventure riche avec une âme. Ces défauts sont principalement des saccades : le framerate subit parfois d’énormes ralentissements, et Kate en train de courir a tendance à trembler ou tressauter en permanence. C’est assez vilain et personnellement cela me saute aux yeux ; et quand je suis témoin de cela, je maudis les développeurs dont j’ai le sentiment qu’ils n’ont vraiment aucun goût pour le travail bien fait. À leur place, j’aurais honte de livrer au public un vidéogiciel qui techniquement se comporte de la sorte.

Ceci étant, les développeurs ont conçu un mode d’interaction inédit à la manette. Les angles de caméra sont prédéfinis (ce qui occasionne souvent une perte de repère quand on bascule de l’un à l’autre, surtout que Kate se contrôle au stick gauche par rapport au décor et non par rapport à elle-même) et le stick droit a deux fonctions : déplacer la caméra dans les quatre directions mais sans modifier l’angle (donc par exemple on pousse vers le haut pour que la caméra monte un peu) et sélectionner les points d’interaction à portée de Kate.

La translation de la caméra demande de pousser longuement le stick droit, tandis que la sélection des points d’intérêt nécessite de donner des petits coups du même stick : pousser brièvement dans une direction puis relâcher.

Ce système peut être agaçant car on ne peut pas vraiment sélectionner un point interactif sans bouger un minimum la caméra, et dans certains cas, la caméra ne filme alors plus l’ensemble des points d’intérêt qui nous intéressent et on doit la ramener de l’autre côté… Cela prend du temps et donne le sentiment de lutter contre l’interface, c’est un peu laborieux ; mais au moins Syberia 3 ne réclame jamais que l’on soit rapide. Et je pense que ce système a ceci de très bon qu’il permet d’interagir avec un très grand nombre d’éléments différents dans le décor tout en nous laissant le contrôle total de Kate (au stick gauche), ce qui est un bon point pour se sentir dans l’action. Mais peut-être aurait-il été plus pratique de mettre la caméra sur la croix directionnelle ? Pour que le stick droit soit dédié exclusivement à la sélection des points d’interaction.

J’apprécie le fait qu’en ouvrant l’inventaire et en sélectionnant un objet, on peut de la même façon utiliser le stick droit pour choisir sur quel élément du décor l’utiliser. Chaque objet de l’inventaire peut aussi être observé sous toutes les coutures, et il n’est pas rare de découvrir une interaction ou une information cruciales par ce biais.

L’univers visuel de Benoît Sokal est toujours très prenant. Je disais à mon amie avec qui j’ai parcouru le VG, quand on pratique Syberia 3, c’est comme si on voyageait. La ville de Valsembor, le point de départ de l’aventure, est dépaysante, par son architecture par exemple, et aussi chaleureuse car marquée par la vie, avec ses boutiques, son bar, son port, ses ruelles, son funiculaire, son art aussi…

L’histoire n’a malheureusement pas de vraie fin, au contraire elle appelle carrément une suite ; comme à peu près tous les titres de cette série. Kate est en très mauvaise posture, capturée par les méchants, mais sans que le VG traite cela comme la mort du personnage ou comme une conclusion. C’est, je crois, le point faible de la saga : un manque d’ambition scénaristique qui plafonne l’impact dramatique des péripéties de Kate Walker.

Pourtant, quel plaisir de retrouver son univers et de venir en aide aux sympathiques Youkols et à leurs autruches, et de mettre en échec des fascistes. Comme diraient nos copains de petite taille : tuk tuk !

Kate Walker est de retour, treize ans plus tard ! Mais peu de temps après Syberia II dans la diégèse. La saga se fait plus cinématographique que jamais, en continuant de proposer un challenge interactif complexe mais plus juste, dans un tout nouveau système de représentation (la 3D) et de contrôle (pensé pour la manette). C'est mon épisode préféré pour l'instant, avec plus d'émotions et d'humanité que jamais auparavant.
Verdict = dispensable (pour le DLC) | ok | vaut le coup ! (pour l'histoire principale) | énormissime

 

Note(s)

  1. a, b Présentation du Playstation Store.

 

Galerie d’images

01
Kate est plus traquée que jamais dans cet épisode.
02a
Des points d’interaction sont souvent bien cachés. Ici, sans que rien me ne le suggère, je peux déplacer la caméra sur la droite…
02b
…pour révéler une boîte à gant sur laquelle une interaction est possible…
02c
…et en effet son contenu est crucial pour la suite.
03a
Autre exemple d’interaction bien planquée : il faut s’avancer entre ces deux rangées de chaises pour qu’apparaisse une interaction au sol…
03b
…revêtant une fois encore une importance cruciale pour l’histoire.
04
Notez la myriade de points d’interaction sur cette machine (et il y en a encore d’autres à l’arrière) ! C’est la dernière de l’aventure, un sacré morceau à faire fonctionner, qui m’a fait très peur au début… Rien d’impossible au final, et même plutôt une très chouette énigme demandant patience, observation et analyse.
05
Le DLC est une courte histoire extrêmement mineure, racontée par Oscar à Kate après son réveil le matin qui suit la cérémonie Youkole dans l’ancien stade. Les scénaristes semblent en avoir eux-mêmes conscience – décevant !
06
J’ai beaucoup apprécié le fait que les dialogues tiennent compte de ce que j’ai déjà accompli une action suggérée par mon interlocuteur. Kate, en mode belle gosse, rétorque un « ah, ça ! mais c’est déjà fait mon petit, tu crois que je n’anticipe rien ? c’est bien mal me connaître ;-) » Très, très satisfaisant, très immersif aussi car rapproche encore plus la Kate que l’on dirige de celle qui s’exprime en cinématique.
07
Kate ressuscite Oscar d’une certaine façon, en installant son « cœur » (qu’elle gardait toujours sur elle) sur un corps d’automate Voralberg abandonné. Une jolie scène.
07
Parfois dans un dialogue nous avons le choix entre plusieurs réponses, et il s’agit de bien choisir car cela détermine si oui ou non notre interlocuteur acceptera de nous venir en aide. Mon amie avec laquelle j’ai parcouru cette aventure a montré une grande finesse psychologique qui nous a permis de faire de tous les persos hésitants des alliés ! Notez la notification en haut à droite (et le trophée à gauche récompensant notre éloquence).
08
Les Youkols sont rigolos et très superstitieux.
09
Dans un navire aux prises avec un monstre marin !
09
Il y a dans cet épisode un vrai enjeu de protection d’une minorité d’un pouvoir barbare qui cherche à l’anéantir.
10a
Des décors magnifiques pour une ambiance super immersive, cette fois tout en 3D…
10b
10c
…ici dans le port de Valsembor, la ville où se déroule une grosse partie de l’intrigue.
11
Le choix de réponses dans les dialogues est adapté en fonction des informations recueillies au préalable. C’est souligné par le petit dessin d’ampoule ici !
12
Le beau visage mélancolique de Kate Walker, qui a bien des soucis dans cette histoire.
12
On fait apparaître l’inventaire avec la touche L1, c’est la demi-roue que l’on voit sur la gauche de l’écran. On sélectionne l’objet avec le stick gauche (vers le haut et le bas). Avec le stick droit, on choisit le point interactif sur lequel utiliser l’objet sélectionné. Un système qui offre une grande flexibilité au final, puisque l’on peut modifier à tout instant et simultanément à la fois l’objet de l’inventaire ET le point où l’utiliser.
14
Ah c’est toujours très beau.
15
Le VG nous oppose parfois des rangements encombrés où il s’agit d’attraper des objets inutiles pour les soulever et déplacer, afin de pouvoir accéder à un objet très utile tout au fond. C’est une manière intéressante de nous faire vivre l’action de « fouiller » dans le bazar, fonctionnant grâce à un moteur physique simulant la physique des corps.
16
Le VG a la prévenance de nous mettre en garde à propos du caractère « divulgâchant » du DLC.
17a
Notre gentil copain Youkol est soumis à un lavage de cerveau dans l’asile psychiatrique de la méchante…
17b
…tandis qu’elle fait tout en son pouvoir pour qu’il n’obtienne jamais sa prothèse de jambe fabriqué par un vieux gentil. Horrible femme !
18a
Des échanges vivants !…
18b
…le capitaine Haddock ne s’en laisse pas conter lol !
19
Il y a cette option que je n’ai pas désactivée ; c’est la possibilité de masquer par défaut les zones d’utilisation des objets ? Ma foi… J’ai trouvé en l’état la difficulté du VG idéale : il nous a resisté, parfois chèrement, mais jamais au point de nous désespérer au point de tricher avec internet.
20
Les visages sont complexes et expressifs. Je précise que ce Monsieur est très sympa !

 

Commentaires

1. Le vendredi 14 mars 2025, 10:06 par EL TITICH

Très belle critique ! Cet univers de jeu ne ressemble à aucun autre et est plein de fantaisie. Benoît Sokal devait avoir une imagination débordante.
Cet épisode de Syberia raconte sans le dire l'histoire de la sédentarisation forcée des peuplades nomades durant l'ère soviétique.
J'ai beaucoup aimé ce jeu qui nous fait incontestablement voyager.

2. Le lundi 17 mars 2025, 16:21 par Marie-Thérèse

Bravo pour cette critique qui m’a fait bien voyager aussi !

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