Lifeless Planet | Premier Edition (PS4)
Par Pierre Compignie le lundi 22 juillet 2024, 13:00 - Critiques toute neuves
Développé par : STAGE 2 STUDIOS (Washington)
Sorti à l’origine en : juin 2014 (Europe, version PC)
Comment j’ai pratiqué : Terminé en 4h21 sur PS5 avec la manette Dual Shock 4. 60 images par secondes. Version 1.02 (13/08/2016). Textes en Français et voix en Anglais, avec sous-titres.
Bidouilles diverses : Aucune.
À la recherche de vie sur une planète lointaine, un astronaute découvre une ville russe à l’abandon. Il suspecte que sa mission ne soit qu’une supercherie jusqu’à ce qu’une mystérieuse jeune femme ne le sauve d’un phénomène étrange et mortel… Lifeless Planet est un jeu d’action et d’aventure à la troisième personne. Il combine une histoire de science-fiction à l’ancienne et de spectaculaires environnements dans l’esprit des jeux d’aventure classiques.
Après un atterrissage difficile, l’astronaute découvre que cette planète, supposée être pleine de vie, est en fait un désert stérile. Alors qu’il part à la recherche de son équipage, il fait une découverte encore plus étonnante : des humains sont déjà venus sur cette planète voilà des années ! Lorsque notre héros tombe sur une ville russe de l’époque soviétique entièrement abandonnée, le sens de sa mission lui échappe encore davantage. Son trajet à la vitesse de la lumière l’aurait-il fait voyager dans le passé ? Ou tout ceci est-il une sorte d’étrange supercherie de la guerre froide ?
Sur le chemin, l’astronaute rencontre une femme russe, Aelita, qui parvient d’une manière ou d’une autre à survivre sur cette planète à l’atmosphère hostile. Par un phénomène naturel inhabituel, sa peau fait briller le sol d’une lueur verte sous ses pieds. Le joueur doit utiliser ces traces luisantes comme un guide à travers les menaces perfides et mortelles de cette planète. Le mène-t-elle en lieu sûr… ou à une mort prématurée ?
Inspiré d’histoires de science-fiction de la guerre froide, Lifeless Planet soulève des questions sur le désir humain d’explorer l’espace. Et si vous entrepreniez un voyage vers une planète à l’autre bout de la galaxie et découvriez que des humains s’y étaient déjà rendus ? Quel genre de personne s’engagerait dans une mission sans retour, laissant derrière elle la planète Terre et toutes les personnes qu’elle a connu et aimé… pour partir à la recherche d’une planète similaire ?
Équipé d’un jet-pack à utilisation limitée et d’un bras robotisé, le joueur doit utiliser son esprit logique et ses compétences pour résoudre des énigmes, percer le mystère, et survivre à Lifeless Planet !
Caractéristiques principales
- Explorez 20 environnements atmosphériques uniques sur une vaste et trompeuse planète.
- Suivez une mystérieuse jeune femme qui vous guide entre les terrains dangereux et les formes de vie mortelles.
- Enquêtez sur la surprenante découverte d’une ville russe abandonnée.
- Vivez une histoire palpitante et intrigante à travers des graphiques riches et des scènes en cinématique.[1]
Pas mal de choses à dire sur Lifeless Planet, ou LP. Sur l’histoire, les contrôles et le challenge interactif principalement. Je précise pour commencer que j’ai pratiqué la version européenne et que celle-ci est en retard d’un patch par rapport à la version américaine ; celui-ci est censé corrigé un bogue visuel mineur dans le premier chapitre et il a été déployé en août 2019 – on ne l’aura donc probablement jamais. Ce n’est pas très grave car pour avoir parcouru le premier chapitre sur PC en parallèle (version du magasin Epic publiée en 2020) aucune différence visuelle ne m’a sauté aux yeux. Par contre, j’ai été ravi de constater que la version PS4 peut s’enorgueillir de vibrations dans la manette que l’on n’a pas sur PC, tandis que le taux d’images par seconde est remarquablement stable sur console PS5, bien plus que sur mon PC vieillissant.
Globalement j’ai bien aimé LP. Ses qualités sont à mes yeux son rendu visuel saisissant d’environnements gigantesques désertiques, au sein duquel notre personnage est tout petit ; l’impression d’évoluer à la surface d’une planète morte genre Mars est très forte. J’aime toujours autant les challenges de plate-forme où il s’agit de sauter au-dessus du vide avec précision, doigté et parfois timing. Je me suis trouvé agréablement intrigué par le passé mystérieux de cette planète que l’on dévoile progressivement, avec force enregistrements audio et documents ramassés çà et là.
Pour autant, je n’ai pas franchement cru à l’histoire. Je ne connais même pas le nom du héros. Sa survie n’est jamais sur la balance, il trouve toujours de l’oxygène quelques secondes après commencer à en manquer. Je ne sais pas vraiment ce qu’il cherche au juste pendant toute l’aventure ; il suit un peu bêtement cette femme russe aux yeux verts sans réfléchir et sans être maître de son destin, sans décider quoi que ce soit.
On ne sait pas en quelle année on est. On nous dit que l’on est censé avoir dormi pendant les quinze ans qu’a duré le voyage dans l’espace mais qu’est-ce qui prouve au héros que ce temps s’est réellement écoulé ? On ne voit pas le crash sur la planète et rien ne le justifie. Dès le début il y a une espèce d’absence d’ancrage dans le réel par manque de détails. Tout arrive trop vite, on ne s’apesantit sur rien, ni sur la mission du mec, ni sur sa psychologie, ni sur aucun détail technique. Je me suis même demandé jusqu’au bout si tout ne se passait pas dans sa tête (on nous reparle régulièrement de la perte de sa femme malade quand il était encore sur Terre).
De plus, je trouve que le principe consistant à raconter une histoire via des récits textuels ou audio commence à être franchement éculé voire même une connerie en soi. Show, don’t tell : montre au lieu de raconter. C’est un principe fondamental de la narration tous médias confondus et pourtant, les développeurs de vidéogiciel ont du mal à l’intégrer. Certes les documents collectés dans LP évoquent une tragédie intéressante au fond un peu écolo ; mais le cœur de l’action de LP consiste à sauter de rocher en rocher à l’aide du réacteur dorsal à la poussée limitée (que le VG par ailleurs débride de temps en temps en plaçant un équipement sur notre chemin, pour le désactiver ensuite arbitrairement quand on a passé la zone le nécessitant).
On nous parle de toute une communauté russe de colons qui ont vécu sur la planète, et on est censé y croire juste en découvrant des ruines et lisant des docs. La surface de la planète n’est d’ailleurs pas ouverte, c’est une succession de zones fermées séparées par des écrans de chargement.
Si on ajoute à cela le fait que l’on se contente de suivre une traînée verte traçant le chemin vers notre objectif, je trouve que l’expérience narrative est tout de même très légère. De façon générale, TOUT me semble trop facile, peu détaillé, peu fouillé, pour que j’arrive vraiment à m’immerger. D’ailleurs la progression est beaucoup trop simple, même si j’ai dû m’y reprendre à plusieurs reprises pour certains sauts. En bref, ça manque trop d’épaisseur sous de multiples aspects pour que j’y croie à fond.
Les contrôles sont, eux, littéralement trop légers et ne m’ont pas aidé à croire en l’humanité de mon personnage. Le fait que l’on ne voie jamais son visage n’arrange rien. J’avais plus l’impression d’incarner un petit playmobil qu’un protagoniste. Il se bouge trop facilement et de manière trop peu humaine. Récemment j’ai pu pratiquer Broken Pieces et Syberia 3. LP a un point commun avec le premier : le stick gauche (pour le déplacement) semble faire l’objet de zones mortes qui ont pour effet de convertir les inclinaisons proches des points cardinaux dans la direction cardinale la plus proche. Imaginez le stick comme une horloge. Si vous inclinez le stick entre 11h et midi, le personnage, au lieu d’aller dans cette direction, ira vers midi.
Moi ça me dérange surtout car la rotation du bonhomme est saccadée quand mon inclinaison sur le stick va et vient de part et d’autre de ces limites au-delà de lesquelles les variations analogiques sont ignorées. Syberia 3 est complètement différent ; non seulement je ne perçois aucunement de telles zones mortes, mais en plus l’orientation du personnage est comme lissée, dotée d’inertie, ce qui gomme les variations infimes d’inclinaison du stick enregistrées par la manette, et aboutit à ce que l’héroïne se meuve de façon fluide et humaine. Au contraire, dans LP et BP, le perso réagit à la seconde à la moindre variation, et combiné avec les fameuses zones mortes cela se traduit par une animation robotique voire frénétique du personnage.
Je critique beaucoup mais le VG ne dure que quatre heures et encore une fois, je me suis senti plusieurs fois saisi par la grandeur des étendues montagneuses qui s’étalaient devant mon personnage minuscule. J’ai apprécié pouvoir à tout moment choisir entre trois distances de caméra. J’ai bien aimé tous ces sauts avec la poussée unique du réacteur dorsal à activer au bon moment. L’ambiance est dépaysante, c’est joli, assez mystérieux et c’est beau. Les textes mis au jour ne sont pas dénués d’intérêt : encore une histoire où les humains ruinent leur environnement ; ceci dit, c’est vraiment à leur insu car c’est la faute d’un virus qu’ils portaient et qui s’est avéré mortel pour la vie extraterrestre. Un peu grosse la coïncidence que précisément la planète qu’on explore après quinze ans de voyage en hibernation, les russes aient pu la visiter en traversant au calme un portail alien planqué en Sibérie…
Une expérience narrative de science-fiction qui manque singulièrement de corps dans un VG de plate-forme sympathique aux panoramas impressionnants. La courte durée permet de profiter de ce que le VG a de bon à offrir tout en allant jusqu'au bout sans s'ennuyer et sans regrets.
Verdict =dispensable| ok |vaut le coup !|énormissime
Note(s)
- ^ Présentation du magasin Epic.
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