Driver : San Francisco (PC)
Par Pierre Compignie le mercredi 28 février 2024, 20:00 - Critiques toute neuves
Développé par : REFLECTIONS (Angleterre)
Sorti à l’origine en : septembre 2011 (Europe, version PC)
Comment j’ai pratiqué : Terminé en 8h18 sur PC Windows 7 avec la manette 360. 120 images par secondes sans synchronisation verticale. Version 1.04. Textes et voix en Français, sans sous-titres (désactivés).
Bidouilles diverses : J’ai installé deux mods qui visent à restaurer dans la version PC le peaufinage esthétique de la version console : Post Process Re-Enabled et Character Skin and Cloth Fix. Effets visuels, teinte de l’image, rendu de la peau et des vêtements… Il semble que la version PC ait été bâclée, tiens comme c’est étonnant et inhabituel.
LE CÉLÈBRE CRIMINEL CHARLES JERICHO EST EN CAVALE
Depuis l’évasion de Charles Jericho, San Francisco fait face à une terrible menace. Un seul homme peut l’arrêter. Cet homme a sillonné les rues d’une centaine de villes et passé sa vie entière à mettre des voyous derrière les barreaux. Mais pour capturer Jericho, il va devoir renoncer à tout et ne pas perdre de vue que ce pourrait être sa dernière mission. Cet homme, c’est John Tanner. C’est le DRIVER.
DES POURSUITES AUTOMOBILES AUTHENTIQUES
Redécouvrez les sensations de conduite uniques de DRIVER : suspensions souples, longs dérapages, collisions dignes de Hollywood et poursuites effrénées à travers un trafic routier ultra-dense. Pilotez plus de 130 muscle cars et super cars entièrement destructibles proposant une maniabilité bluffante de réalisme et des fonctionnalités de personnalisation qui redéfinissent le genre.
UNE CHASSE À L’HOMME IMPLACABLE
Découvrez un scénario palpitant amené par des personnages forts et dans lequel Tanner, poussé par le désir de vengeance, part à la poursuite de Jericho. Suivez Tanner dans sa course contre la montre à travers San Francisco et découvrez comment celle-ci va l’entraîner jusqu’à un point de non-retour.
SHIFT
Lorsque Tanner reprend connaissance après un grave accident de la route, il réalise qu’il a acquis une nouvelle capacité appelée SHIFT, qui lui permet de passer d’un véhicule à l’autre de manière instantanée et d’en prendre le contrôle. Vivez une expérience intense, proposant une diversité et une liberté sans précédent ; utilisez la fonctionnalité SHIFT pour obtenir des voitures plus rapides, déployez des véhicules civils pour éliminer vos ennemis et allez jusqu’à prendre le contrôle du véhicule de vos adversaires. La fonctionnalité SHIFT a également permis de créer de nouveaux modes multijoueur passionnants.
AU PARADIS DES POURSUITES
Conduisez sur un réseau routier de plus de 500 km2, traversez le Golden Gate Bridge et de nombreux lieux emblématiques de San Francisco.
… ET PLUS ENCORE
Enregistrez, éditez et partagez vos plus belles cascades et poursuites grâce au mode Réalisateur. Mettez vos talents de pilote à l’épreuve en participant à pas moins de 20 courses et 80 défis répartis à travers la ville. Écoutez plus de 60 morceaux composés par des artistes reconnus, sans oublier le thème original mémorable de DRIVER.[1]
Driver : San Francisco (appelons-le DSF) est le dernier épisode de la série Driver, le cinquième pour être exact. D’une certaine façon il opère un retour aux sources puisqu’il renonce à nous permettre de contrôler son héros en dehors de la voiture. En effet Driver 2, Driv3r et Driver : Parallel Lines n’ont eu de cesse de marcher sur les plates-bandes de la série GTA, en proposant une partie interactive de plus en plus importante dans la peau d’un humain, en dehors de l’habitacle ; d’abord c’était seulement pour changer de voiture et interagir avec le décor (Driver 2) ; ensuite ça a été pour se battre et tirer sur des ennemis avec des armes à feu. Comme GTA… DSF revient à la « pureté » du premier Driver et se concentre sur la conduite des véhicules. Pourtant, il innove significativement avec le « shift ». Quézaco ?
Le « shift », c’est un pouvoir que se découvre Tanner dans cet épisode, qui lui permet littéralement de sortir de son propre corps, surplomber les rues, le quartier, la ville… (dans le ciel, oui, oui) et de prendre le contrôle de n’importe quel conducteur de voiture, en possédant son corps autant qu’il le souhaite. Cela paraît dingue et complètement perché ? Ça l’est, et heureusement le scénario en joue : non seulement Tanner cherche à convaincre son coéquipier de ses facultés, mais le VG d’une manière générale crée beaucoup de situations humoristiques avec ce pouvoir.
La comédie, c’est d’ailleurs la seule chose à attendre du scénario de DSF… D’abord parce que si on réfléchit cinq minutes, rien ne tient dans le concept. Le public comprend rapidement que Tanner est dans le coma et que l’aventure se déroule dans sa tête. Le cerveau de Tanner réagit à ce que lui dit son coéquipier Tobias Jones à son chevet, et aussi aux infos énoncées par la télé dans sa chambre d’hôpital. On est censé accepter qu’à partir de ça, Tanner recrée dans sa tête toute une enquête avec les vraies visages des protagonistes, leurs vraies voix, etc, alors que son cerveau dans le coma n’a pas accès à autant d’informations que cela. On pourrait se poser aussi la question des limites au pouvoir du « shift » ; si c’est l’univers rêvé de Tanner, qu’est-ce qui justifie les contraintes telles que : ne pas pouvoir contrôler les véhicules ennemis pour les envoyer soi-même dans le décor ? Je me suis aussi demandé souvent comment ça se passait dans le véhicule avec le corps de Tanner alors que celui-ci possède le corps d’un autre conducteur ailleurs dans la ville ; son corps sans âme continue de conduire comment ? Son coéquipier à ses côtés le voit comme un zombie ? Le VG ne répond jamais franchement à cette question. Par ailleurs, il n’y a pas de progression dramatique : l’intrigue est résolue n’importe comment. C’est-à-dire que comme par magie, Tanner sort de son coma juste au moment où le méchant Jericho va mettre son plan à exécution – plan que Tanner est parvenu à mettre au jour dans son coma, oui Monsieur. La dernière mission se déroule donc dans la réalité avec un Tanner frais comme un gardon, fort de son enquête mentale, avec une connaissance parfaite des réelles intentions de Jericho (qui simule un attentat à grande échelle pour vider la ville et faire évader un riche criminel de prison).
On passe du scénario « coma » où l’on a réussi à empêcher Jericho de voler les composants de sa fausse bombe (ammoniaque, platine…), au scénario « réel » par la seule force de la volonté de Tanner, où Jericho a réussi à se procurer tous les composants mais où Tanner a compris ce qu’il voulait en faire. Je n’ai été ni pris, ni convaincu par cet enchaînement. Les visages de Tanner et Jericho ont beaucoup moins de personnalité que dans Driver 2 (pas fait les suivants), ils sont plus lisses, plus « gentils », plus passe-partout… Avant ils avaient des visages d’hommes durs, impitoyables ; le ton de Driver 2 me semblait bien plus adulte, âpre ; façon thriller désabusé des années 70.
Il faut ajouter à tout cela que le récit de DSF est constitué de missions principales, à faire bien sûr dans un ordre imposé et surtout à débloquer en terminant des missions secondaires. Ces missions secondaires consistent à intervenir dans la vie de quidams de la ville, pour les affecter selon la volonté de Tanner. S’il aime bien les types dans la voiture dont il possède le conducteur, alors il les aide, sinon, il œuvre à leur défaite. Je n’ai pas du tout compris la logique de devoir faire ces missions secondaires pour débloquer les principales ; et je regrette le côté arbitraire de ces missions, qu’on peut entreprendre dans n’importe quel ordre. L’idée est de nous laisser la liberté de faire un peu ce qu’on veut – je crois même que l’on peut débloquer les missions principales en accumulant des points de « volonté » autrement qu’en effectuant les missions secondaires – mais ça ne m’intéresse pas. J’aurais préféré avoir un scénario clair qui intègre pertinemment ces sous-intrigues à l’intrigue principale. Car en l’état, on ne cesse de sortir du fil rouge pour entreprendre des trucs qui n’ont rien à voir, sans que cela soit assumé par l’histoire ou qu’il y ait le moindre enchaînement logique.
Mais, ces missions secondaires m’ont souvent fait rire… Je repense à ces deux frères asiatiques que Tanner pense aider en remportant une course automobile dans le corps de l’un d’eux ; pour constater plus tard que le coup de pouce initial les a encouragés à refaire des courses en misant toujours plus d’argent, prenant plus de risques, etc… Tanner est bien embêté que son coup de main, loin de remettre les deux frères dans le droit chemin, les pousse dans une voie de plus en plus dangereuse où ils sont régulièrement dépendants de lui. Ah oui Tanner repère magiquement dans toute la ville les gens « dans le besoin », ça fait partie du délire… Ils s’affichent alors comme des points de mission secondaire quand on surplombe la ville.
Bon ça ne paraît pas super drôle comme ça, mais ça l’est, car le ton des dialogues est léger. Il faut s’imaginer que Tanner, en possédant le conducteur d’une voiture, prend son apparence et sa voix, et s’adresse aux passagers de la voiture avec sa propre personnalité mais sous l’apparence d’un autre… Des situations riches en quiproquos.
La mission secondaire qui m’a fait le plus rire, voit Tanner prendre le contrôle d’un type dont le collègue l’appelle au téléphone et tente de le faire coincer par les flics. Tanner comprend que les deux types sont d’affreux gredins qui passent leur vie à se faire des crasses dans le but de se pourrir l’existence. La mission consiste alors à rameuter le plus de flics possible vers l’emplacement du collègue, afin que les deux soient embarqués par la police. À la fin de la mission, devant la perspective de l’arrestation, l’une des deux fripouilles s’interrogera « comment on a bien pu en arriver là » ; et Tanner de répondre, toujours dans la peau de l’autre « on est deux espèces de gros débiles avec un Q.I. de poule qui se détestent, voilà comment on en est arrivé là ». J’étais plié.
De façon générale, Tanner a souvent des échanges rigolos avec les passagers des voitures dont il prend possession ; des échanges qui tiennent compte du contexte, de la mission en cours…
Outre l’humour, je retiens de DSF la conduite très sympa des voitures ; je ne suis pas du tout un expert dans ce domaine mais j’apprécie d’avoir à gérer la physique des engins bien plus que dans un GTA. Ici la conduite est sensible, les voitures ont un poids et j’ai retrouvé les sensations chères au studio dans, me semble-t-il, tous leurs VG de caisse, même Stuntman (où l’on incarne un cascadeur automobile). C’est un contrôle à la fois accessible et réaliste, qui fait du déplacement de la voiture une source de tension. Le challenge de conduire sa voiture à bon port dans DSF, avec toutes les contraintes de timing, de poursuivants, de voitures à emboutir parfois, est très efficace et on ne peut pas s’endormir (au volant ^^).
Le scénario offre en plus quelques missions originales, notamment une où il s’agit de désamorcer des bombes sous des camions en mouvement ! Il faut donc se glisser dessous en maintenant une vitesse relativement constante avec une petite voiture.
Quant au pouvoir de « shift », on en use et abuse pour ralentir voire détruire les véhicules de nos adversaires. C’est-à-dire que quand on poursuit une autre voiture, on peut très facilement sortir de notre corps pour surplomber la route, voler quelques centaines de mètres plus loin, prendre le contrôle d’un véhicule roulant en sens inverse et s’en servir pour percuter de plein fouet la voiture que l’on poursuit ! Et pendant ce temps, notre propre voiture se conduit toute seule (c’est un point que je ne comprends pas bien, l’âme de Tanner n’étant plus dans son corps, comment fait-il pour conduire ?). Bref, c’est drôle, assez amusant et inédit, mais ça ne vaut pas vraiment, en terme de tension, une bonne course-poursuite automobile bien ardue.
C’est tout de même un beau cadeau que nous fait DSF, car jamais ô grand jamais n’avais-je, dans un VG de caisse, été activement encouragé à m’écraser dans des véhicules lancés dans ma direction. C’est un tout nouveau défi dont les paramètres de difficulté m’étaient inconnus : tenir compte de la vitesse de la voiture en face pour partir d’assez loin, orienter mon bolide précisément dans sa direction en anticipant sa tentative d’évitement, choisir un véhicule plus lourd pour faire plus mal lors de l’impact mais potentiellement rater ma cible par manque d’agilité… Il y a un aspect cathartique là-dedans, oui, mais honteusement immoral quand on y pense, car on envoie des innocents crasher leur voiture sur des méchants voire même des policiers parfois, sans se préoccuper de leur état de santé… Enfin, on m’objectera que cette partie de DSF a lieu dans la tête de Tanner, pas dans la réalité.
Ah et dernier point : le VG est vraiment soigné dans sa mise en scène cinématographique, avec des cinématiques qui s’enchaînent naturellement avec les séquences interactives, voire occupent une portion de l’écran divisé pendant qu’on a la manette entre les mains ! Les développeurs se sont donné les moyens d’une maîtrise totale de l’image, au service d’une narration très ciné. D’autant plus dommage que l’histoire ne soit pas plus ambitieuse !
Curieux objet que ce dernier épisode de Driver sorti en 2011. Une physique des véhicules qui donne chair à leur conduite, comme le studio britannique REFLECTIONS sait les faire ; un argument fantastique qui laisse libre cours à la comédie de situation très écrite et à un déluge de crashes les plus violents possible, sans pénalités ; une histoire principale décevante au final, une structure du récit peu maîtrisée. Mais j'ai ri de bon cœur, c'est un plaisir à prendre en main, le challenge est agréable et la durée raisonnable.
Verdict =dispensable| ok |vaut le coup !|énormissime
Note(s)
- ^ Présentation du site Ubisoft.
Galerie d’images
Commentaires
Merci pour le partage de ce VG bien amusant et décoiffant !