Far Cry 3 // L'extension « Blood Dragon » (PC, PS3)

Développé par : UBISOFT MONTRÉAL (Québec)

Sorti à l’origine en : mai 2013 (Europe, version PS3)

Comment j’ai pratiqué : Terminé en 7h48 (6 sessions) en mode de difficulté normal (2 sur 3), sur PS3 avec la manette Dual Shock 3. 30 images par secondes sans synchro verticale. Version 1.01. Textes et voix en Français, avec sous-titres. Pratiqué aussi 1h20 sur PC Windows 7 avec la manette 360.

Bidouilles diverses : Pour la version PC j’ai ajouté l’argument de ligne de commande suivant pour le lancement du programme : -RenderProfile_MaxFPS 50 afin de limiter le framerate à 50 images par seconde (pour éviter le déchirement d’écran, ne pas générer de latence dans les commandes et ne pas causer de micro-saccades[1]).

NOUS SOMMES EN 2007. C’EST LE FUTUR.
Vous incarnez le sergent Rex Colt, un cybercommando de type Mark IV. Nous sommes en 2007. La Terre a été dévastée par une guerre nucléaire qui a éclaté dans les années 90. Le conflit est vs ouest fait rage depuis des générations, et l’humanité peine à avancer après une décennie catastrophique. De nouveaux chemins vers la paix doivent être trouvés, et l’armée de cyborgs des États-Unis a peut-être trouvé la solution : une puissante arme biologique située sur une île lointaine. Votre mission : rassembler des informations et tenter de comprendre ce qui se passe.

UN SHOOTER EXPLOSIF DANS UN CYBER-MONDE
Une seule entité est assez puissante pour arrêter les cyborgs dévastateurs, les scientifiques mutants, les requins de métal et les dragons vicieux dont les yeux tirent des lasers : cette entité, c’est vous. Vous êtes le sergent Rex Colt, un cybercommando de type Mark IV. Chargez vos armes, personnalisez vos 7 équipements meurtriers, et partez à l’assaut d’une étrange île en monde ouvert remplie de menaces maléfiques. Abattez vos ennemis avec des shurikens, des flingues ou de bonnes vieilles bombes. Votre combat. Votre façon de faire. Leur malchance.

SÉDUISEZ LA FILLE, TUEZ LES MÉCHANTS ET SAUVEZ LE MONDE.
Vous incarnez le sergent Rex Colt : mi-homme, mi-machine, et 100 % patriote. Vous êtes un cybercommando de type Mark IV dernier en quête… de vengeance. Votre objectif est d’abattre votre ancien commandant et son armée d’impitoyables cyborgs tueurs, et rien ne vous arrêtera.

BOURRÉ DE CLICHÉS DE L’ÉPOQUE VHS
La star d’Hollywood Michael Biehn (Terminator, Aliens, le retour, et Abyss) revient dans cette œuvre explosive de science-fiction au style années 80, dans un futur sombre marqué par un conflit entre cyborgs et mutants. Alors éteignez votre magnéto, branchez votre console, et préparez-vous à frissonner en stéréo dans Far Cry® 3 Blood Dragon.
[2]

On parle ici d’une extension de Far Cry 3 indépendante, c’est-à-dire d’un petit vidéogiciel qui reprend toutes les fondations de Far Cry 3 et construit par-dessus une nouvelle aventure.

Concrètement cela se passe toujours sur une île, le contrôle du personnage ainsi que ses possibilités sont exactement les mêmes ; on retrouve les mêmes armes mais relookées façon « futur des années 80 », donc bardées de néons fluos et de lasers ; il y a toujours une tripotée d’objets à collectionner sur l’île (cassettes VHS, télés, notes) et bien entendu car c’était la principale attraction de FC3 : un ensemble de base ennemies à conquérir, avec la possibilité (enfouie dans le menu des options) de les repeupler à loisir après-coup, sans doute dans l’idée de prolonger le plaisir (hum).

Tout cela est secondaire, certes, et vient en annexe des missions principales scénarisées, qu’il s’agit de lancer en rejoignant un point défini de l’île indiqué sur la carte et en surimpression à l’écran – exactement comme dans tout bon open world moutonnier depuis GTA III.

Les vraies différences de Blood Dragon par rapport à son aîné sont surtout d’ordre visuel (de luxuriant, le cadre devient sombre et terne), de durée et de scénario, avec ici un aspect satirique bien plus explicite. Le scénariste de FC3 prétendait déjà à la satire mais on pouvait passer à côté, en y voyant seulement un énième scénario navrant de VG d’action ; là ce n’est plus possible.

De fait le récit et les dialogues de Blood Dragon sont impossibles à prendre au sérieux. Tout relève du troisième degré. On pourrait essayer de rire avec lui des clichés dont il se moque, mais… Il se vautre dedans. Cela commence dès le tutoriel ; l’interface ne cesse de figer l’écran pour nous expliquer comment exécuter à la manette des actions les plus basiques les unes que les autres (marcher, sauter, orienter son regard). C’est pénible, lourdingue et le héros lui-même peste contre cela ! Preuve que les développeurs en avaient bien conscience… Mais qu’ils n’ont pas fait l’effort de concevoir un meilleur tuto.

C’est très bizarre. Je vois peut-être le verre à moitié vide, mais je ne peux m’empêcher d’imaginer le raisonnement suivant : « pour FC3, on ne va pas s’embêter : on va appliquer les recettes existantes et éprouvées, et même si on sait qu’elles ont beaucoup de défaut, on va écrire les dialogues et les cinématiques de façon à s’en moquer nous-mêmes pour montrer qu’on en est conscient ». Ce à quoi j’ai envie de répondre : « si vous en êtes conscient, plutôt que de vous en moquer, pourquoi ne pas chercher à faire mieux ? ». Mais c’est sans doute plus cher, plus risqué, plus dur ; et au final ils choississent de nous refourguer une formule bof et réchauffée, emballée dans une écriture rebelle et méta[3] pour masquer le cynisme de l’entreprise – ils ne sont pas là pour l’amour de l’art, voilà ce que je pense.

J’ai parlé du tutoriel, mais cela vaut aussi pour la collecte des objets, que le héros commente aussi négativement ; cela vaut pour le scénario et les personnages sans intérêt (mais c’est pour se moquer des fictions des années 80, tu comprends !) ; cela vaut aussi pour la structure des missions principales dont il n’y a strictement rien à retenir.

La conquête (facultative) des bases ennemies est à mon sens la principale attraction de FC3 et on la retrouve dans Blood Dragon. Sur cette partie le développeur amène quelque chose, une vraie proposition un peu inédite. L’idée derrière ces conquêtes de base est d’offrir au public un challenge simple qu’il peut aborder à son rythme et de multiples façons. Pour cela UBISOFT MONTRÉAL a créé (avec FC3) un système de contrôle et d’action qui ouvre une grande palette de mouvements et de possibilités :

  • une vision rouge mettant les ennemis en évidence et permettant de les marquer pour les voir ensuite à travers les murs
  • des éliminations silencieuses au couteau (au corps-à-corps, depuis un saut, depuis l’eau ou contrebas), que l’on peut non seulement enchaîner et conclure par un lancer de shuriken, un dégoupillement de grenade ou un tir tête au pistolet
  • un arc permettant d’abattre les ennemis à distance et silencieusement
  • des grenades
  • du C4 à faire exploser à distance
  • des mines
  • un fusil sniper
  • un fusil d’assaut, un fusil à pompe, un pistolet, une mitrailleuse lourde, un lance-flammes (et le feu se répand dans la nature)
  • une faune sauvage qui peut attaquer les ennemis
  • des véhicules un peu partout, certains dotés d’une puissante arme montée
  • des tyroliennes
  • une commande d’alarme dans les bases, à détruire ou désactiver pour empêcher l’appel de renforts
  • des seringues pour remonter sa barre de vie
  • un gilet pare-balles à racheter régulièrement aux distributeurs

De toute évidence les développeurs ont travaillé dur pour aboutir à un système permettant de mettre en œuvre toutes ces approches.

Le problème c’est que je n’y suis pas du tout sensible parce que les bases ennemies sont dix fois trop simples en terme de level design ; concrètement on n’a pas du tout besoin de s’embêter avec le quart des possibilités que j’ai listées ; un bon fusil d’assaut, quelques seringues, quelques kills silencieux et c’est plié.

Peut-être que d’autres personnes que moi s’éclatent à se mettre des contraintes, du style : utiliser seulement le couteau, ne pas se faire repérer sinon se laisser mourir et recommencer. Alors oui il y aurait un peu plus de challenge. Mais moi je n’ai pas vraiment cette motivation de me coller des défis complètement hors-sujet de l’histoire. Si le VG ne m’impose pas de galérer sur les bases, s’il juge vraisemblablement qu’elles doivent être faciles à conquérir, pourquoi j’irais à contre-courant ? Je me suis quand même abstenu d’utiliser le sniper et la mitrailleuse lourde car avec ces armes la difficulté est tout bonnement anéantie. Mais je ne suis pas du genre à modifier la recette prévue par les développeurs ; je préfère la prendre telle qu’elle est, si elle est nulle pour moi alors ne pas y passer plus de temps que nécessaire et en faire ensuite le récit dans ces lignes.

Quand je pense qu’un vidéogiciel comme Deus Ex : Invisible War est honni par le public alors qu’il soigne bien plus son challenge qu’un succès comme FC3 ; gros sentiment d’injustice. DEIW, comme FC3, donnait à son protagoniste tout un éventail d’outils, mais par contre lui opposait des obstacles qui n’avaient rien de triviaux. Si déjà je trouvais UNE solution qui me permettait de passer, j’étais content ; alors que dans FC3 et Blood Dragon, on a vingt solutions à dispo, garanties de marcher dans toutes les circonstances, et moi je ne ressens aucune tension, aucune difficulté – je m’ennuie.

Finalement j’ai presque refait une critique de FC3 ; mais Blood Dragon lui emprunte tellement que je ne pouvais l’éviter. À propos de strictement Blood Dragon, juste ce qui lui est propre : je n’ai pas franchement ri à ses blagues, je n’ai pas adhéré à l’humour complètement vain de son écriture. Au début le héros a un partenaire masculin toujours outrancier dans sa façon de parler, et je le trouvais assez amusant, et ça m’amusait aussi la façon dont le héros le vannait ; mais très rapidement ce sidekick passe l’arme à gauche et se trouve remplacé par une femme pas drôle avec laquelle Rex a des échanges banals, ni drôles ni touchants ni quoi que ce soit, juste génériques et boring. Ils finissent par coucher ensemble alors qu’ils n’ont aucune alchimie, juste parce que c’est le soi-disant cliché de la fiction 80’s qui l’impose… Je trouve ça mauvais.

Une autre nouveauté de Blood Dragon, ce sont les fameux « dragons de sang » du titre. Pas grand chose à en dire, si ce n’est que c’est un nouvel animal sauvage que l’on peut faire se retourner contre les ennemis et qui est particulièrement pénible à combattre soi-même car un vrai sac à PV[4]. Les développeurs en ont mis un peu partout, dans les missions principales surtout, donc on a souvent l’occasion de laisser les ennemis et les dragons se taper mutuellement. Supeeeer. Pour faire aller ces dragons où l’on veut qu’ils aillent, on a la possibilité de lancer des « cœurs » dans le décor pour les appâter ; on les arrache des cadavres ennemis, tout simplement, en maintenant la touche carré au-dessus d’eux et en laissant jouer une animation pénible qui coupe notre élan et bouge la caméra à notre place – oui, pénible.

Je pensais d’abord pratiquer la version PC mais celle-ci m’a rebuté à deux titres : le support manette et le framerate. Le support manette existe bel et bien, mais il y a un gros souci au niveau du stick droit qui rend la visée très imprécise. Possible que ce soit une zone morte beaucoup trop grande, qu’ils n’ont jamais corrigée vu que le public sur PC se fichait comme d’une guigne du support manette en 2013. Et le framerate m’a semblé beaucoup trop variable, même en le limitant à 50 ips ; j’ai renoncé à déterminer dans quelle mesure dégrader les graphismes pour arriver à un bon compromis fidélité / fluidité et me suis donc rabattu sur la version PS3 à laquelle j’avais accès grâce au Playstation Plus d’il y a des années en arrière. Cette version PS3 gère parfaitement le stick droit grâce à une zone morte très faible, une visée sensible quand on effleure le stick mais une grande accélération quand on le pousse à fond. Ça marche plutôt bien ! Quant au framerate : ce n’est pas top du tout, du 30 ips instable qui peut descendre jusqu’à 22 ips d’après l’article d’époque de Digital Foundry[5] ; pas de synchronisation verticale donc un peu de déchirement d’écran ; mais bon, c’était pratiquable… Ceci étant, vu le simplisme des décors plongés dans l’ombre, difficile de ne pas penser que ça manque cruellement d’optimisation.

J’ai quand même bien aimé la musique synthwave du menu principal.

Cette extension de Far Cry 3 offre la même chose que l'aventure originale mais en plus court et avec un enrobage scénaristique et visuel reprenant le pire du cinéma des années 80. C'est nul mais on est censé rire avec le VG de la nullité de ce qu'il propose, autant en terme d'écriture de l'histoire que de challenge interactif. Hélas la nullité, même assumée, ne m'amuse pas...
Verdict = dispensable | ok | vaut le coup ! | énormissime

 

Note(s)

  1. ^ Comme le recommande le site PC Gaming Wiki.
  2. ^ Présentation du site Ubisoft.
  3. ^ Voir cet article de Wikipedia.
  4. ^ Un « sac à points de vie », une façon de dire qu’il faut tirer dessus 107 ans pour l’abattre.
  5. ^ Voici, en Anglais, leur article.

 

Galerie d’images

Les dialogues niaiseux ne sont pas à prendre au premier degré, me chuchote-t-on dans l'oreille avec un mégaphone ; il s'agit de se moquer grassement d'autres fictions ringardes. Mais rien à faire, je reste froid :-/
Les dialogues niaiseux ne sont pas à prendre au premier degré, me chuchote-t-on dans l’oreille avec un mégaphone ; il s’agit de se moquer grassement d’autres fictions ringardes. Mais rien à faire, je reste froid :-/
lala
Le VG a beau être conscient de l’inanité de nous faire collectionner des objets (via les réactions du héros), il n’hésite ni à verrouiller des améliorations d’arme derrière un certain nombre d’objets ramassés…
lala
…ni à baser des trophées sur du « collect-a-thon ». Il faut dire aussi qu’il y a juste du labeur dans cette quête, pas le moindre challenge, puisque l’emplacement de tous les objets est indiqué sur la carte (après avoir acheté la carte correspondante dans un distributeur). Donc c’est bel et bien 100% une perte de temps de vie. On est très loin d’un « game design » éthique. Il y a bien d’autres exemples dans BLOOD DRAGON de quêtes complètement nulles, mais longues, pour débloquer des récompenses.
a
Une approche furtive typique dans FC3 et par extension dans BLOOD DRAGON, en quatre images. Première étape : on approche d’un camp ennemi (les bases sont plus grandes que cela)…
a
…deuxième étape : on active la vision spéciale pour marquer tous les ennemis afin de les voir ensuite à travers les murs…
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…troisième étape : on s’approche discrètement d’une cible isolée, ici en restant dans l’eau…
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…quatrième étape : on surveille l’apparition du « prompt » de l’interface nous indiquant qu’une élimination silencieuse est possible et on tue le premier ennemi. Ensuite, soit on tente de poursuivre l’approche silencieuse, soit on dézingue tout le monde au fusil. Pas de tension, pas de choix cornélien, on est chez McDo en mode « buffet à volonté » : tous les coups sont permis et FC3 n’est surtout pas là pour interdire quoi que ce soit. Du coup, le challenge est complètement absent.
a
Quelques exemples de l’humour qui ne marche pas sur moi…
a
a
…là je trouve ça carrément de mauvais goût.
a
Si vous vous demandiez ce que c’était le déchirement d’écran : voilà.
a
Les têtes éclatent dans des gerbes de sang bleu.
a
Bonne idée que d’avoir fait luire en rouge les ennemis ; dans un environnement aussi sombre ça nous aurait pété les yeux s’ils n’avaient pas été éclairés.
a
Bien sûr, un système d’XP est présent pour récompenser régulièrement la moindre de nos actions. C’est un autre exemple de « game design » non éthique puisque cette technique fonctionne à un niveau cognitif pernicieux pour nous rendre accros et nous faire accomplir malgré nous des quêtes absurdes et lourdingues. Bon, c’est un moindre problème dans un VG facile et court comme BLOOD DRAGON, mais il reste qu’UBISOFT use constamment de ces procédés dans leurs productions.
a
Sous son filtre violet chelou, l’environnement est extrêmement terne et morne.
a
Au début, quand l’acolyte du héros Rex, Spider, est encore vivant, ils ont ensemble quelques vannes qui m’ont fait sourire…
a
…lol !
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Vraiment bravo à ceux qui arriveront à voir au-delà de la nullité au premier degré du scénario, pour rire aux éclats de sa satire des fictions pourries. Moi je n’y arrive pas ; les fictions pourries m’ennuient, et qu’elles en soient ou non conscientes elles-mêmes n’a que peu d’importance ; ça reste du temps de vie consacré à des personnages fictifs auxquels il m’est impossible de m’attacher et des péripéties écrites à la va-comme-je-te-pousse.
a
Le fameux tutoriel nul qui se moque de sa propre nullité.
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Là j’ai réussi à faire attaquer les ennemis par un dragon. Plus qu’à sortir le pop-corn.
a
La dernière mission voit les développeurs reprendre un peu en main le « level design » et limiter notre sélection d’armes face à une multitude d’ennemis zombies. Cela reste bof.
a
Les intérieurs fourmillent de néons fluos…
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…et les armes font la part belle aux lasers.

 

Commentaires

1. Le samedi 24 février 2024, 21:56 par Marie-Thérèse

Belle galerie d’images qui ont bien appuyé ta critique de ce jeu « dispensable ».
Merci pour ce partage !

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