Infliction | Extended Cut (PS5)
Par Pierre Compignie le lundi 1 novembre 2021, 07:49 - Critiques toute neuves
Développé par : CAUSTIC REALITY
Infliction est un cauchemar interactif, un voyage horrifique au cœur des ténèbres qui se terrent dans les foyers de banlieue même les plus ordinaires. Explorez les vestiges d’une famille autrefois heureuse, lisez leurs lettres et leurs journaux, écoutez leurs messages vocaux et rassemblez des indices pour comprendre les événements dramatiques qui vous ont conduit ici.
Mais attention, vous n’êtes pas seul(e)… Quelque chose se trouve toujours dans la maison, un être plein de rage et de larmes. La créature vous chasse pendant que vous cherchez des indices, prête à vous faire subir sa colère.
Survivrez-vous assez longtemps pour atteindre la rédemption ?
Vous n’êtes pas seul - un ennemi infatigable vous traque, et mieux vaut pour vous qu’il ne vous trouve pas… Choisirez-vous de fuir, de vous cacher, ou trouverez-vous un moyen de combattre ?
Réalité alternative - Explorez un pavillon de banlieue réaliste et interactif qui révèlera tous ses mystères à mesure de votre exploration.
Enquête - Lisez les lettres, trouvez les journaux et examinez les précieuses notes d’une famille en souffrance pour comprendre les événements tragiques qui vous ont conduit là.
Presque trop réaliste - L’histoire est ancrée dans une tragédie familiale réaliste, faite des peurs et des angoisses que nous connaissons tous : cœurs brisés, confiance trahie, deuil et perte.
Lumière et obscurité - La puissance du moteur Unreal permet d’obtenir un rendu photoréaliste, des effets de lumière dynamiques et des ombres pour vous éblouir ou vous plonger dans les ténèbres.[1]
Je n’ai pas compris grand chose à Infliction. Dans la peau de je ne sais qui, dont je n’ai jamais vu le visage, enfermé dans une maison américaine de banlieue dans lequel un meurtre a eu lieu, je devais faire ce que les objectifs s’affichant à l’écran me demandaient. Soit réunir plusieurs objets afin d’accomplir un rituel permettant de… je ne sais pas trop. Je ne sais pas qui j’incarnais ni ce qu’il voulait. Je faisais juste ce que me demandaient les développeurs via l’interface.
L’aventure de Infliction est divisé en chapitres, chacun se déroulant à une date différente. On s’en rend compte grâce au calendrier dans une des chambres à l’étage. Maintenant ce qui est pour moi incompréhensible, c’est que les pages du calendrier sont toujours à jour quelle que soit l’époque, alors même que la maison est vide et hantée. Qui met à jour les pages du calendrier ?
Chaque chapitre correspond donc à un objet à ramasser dans la maison à une certaine date. Systématiquement, après avoir ramassé l’objet, le fantôme de la défunte apparaît et nous tue sauvagement (sang à l’écran). Au début je croyais que j’avais mal fait quelque chose. Que nenni. C’est le signe au contraire que le chapitre est terminé ! Il y a un écran de chargement et mon personnage se réveille se réveille à une autre époque, l’objet toujours dans sa poche, avec l’objectif de se mettre à la recherche du suivant.
Est-ce que cela a un traître sens pour vous ? Parce que pour moi cela n’en a aucun. Si on meurt, comment peut-on voyager dans le temps et garder tous ses objets ? Qui nous fait voyager dans le temps ? Pourquoi la maison est-elle désespérément vide quand on y est, alors que l’arrangement des lits, des meubles de la maison, des affaires du quotidien, laisse penser que des gens étaient là il y a cinq minutes ?
Le héros ne parle jamais, évidemment, sinon ce ne serait pas drôle. Des bugs ont poursuivi et développé l’embrouille, par exemple cette tête de loup empaillé qui répète sa phrase menaçante quand j’étais dans le sous-sol du chalet, alors que l’endroit était sûr… Des sous-titres apparaissent parfois pour faciliter la compréhension des retransmissions radio, et parfois pas du tout, sans raison apparente.
Il y a de nombreux documents à ramasser et à lire et écouter, pour découvrir la vie de la famille ayant vécu dans ces lieux. Je leur ai trouvé un intérêt, malheureusement ils m’ont paru trop bien cachés, je ne les ai pas tous trouvés, et ils ont tendance à arriver dans le désordre, et le menu ne permet que de les réécouter en Anglais sans sous-titres… J’ai perçu la douleur d’une famille rongée par la mort d’un enfant, avec un père alcoolique, une mère dépressive et une ado qui n’en peut plus. J’aurais aimé lire tous les documents. Ce que j’ai lu en tout cas ne suffisait pas à donner un sens à Infliction.
Développer le background c’est bien, mais cela ne doit pas se faire au détriment de l’action principale. Or ici, je me répète, on ne sait pas qui on incarne, ce qu’on fait exactement ni pourquoi. Au contraire de Gone Home où l’on incarnait une jeune femme qui rentrait dans la maison de ses parents après un voyage à l’étranger, la trouvait vide, et cherchait à savoir où était tout le monde. Le background était quant à lui autrement plus développé que dans Infliction, avec des documents indispensables à trouver et dans un ordre bien précis. Infliction ne peut en dire autant avec ses documents épars optionnels. Je ne suis pas en train de dire que tous les vidéogiciels de ce type doivent ressembler à Gone Home, juste que la comparaison des deux met bien en évidence ce que rate Infliction. Dans le récit, les transitions entre les chapitres avec mort suivi d’un voyage dans le temps, n’ont aucune justification. La fin ne résout rien, n’explique rien. Le fameux rituel n’a semble-t-il aucun bénéfice.
Ce vidéogiciel a été développé principalement par un seul homme, et techniquement c’est honorable. Mais là où Infliction pêche c’est dans des points de conception, d’écriture, de logique, de bon sens… Autant de domaines qui ne semblent pas directement liés au budget d’une production. Un autre point qui m’a beaucoup gêné, ce sont les moments où le fantôme de la défunte apparaît dans la maison de façon aléatoire (c’est-à-dire pas en fin de chapitre de façon scriptée, où là on n’est pas censé l’éviter) et nous traque donc pour nous tuer. Ces apparitions aléatoires sont très pénibles car je n’ai pas trouvé de meilleure solution que de mourir dans ces cas, pour recommencer au début du chapitre quand le fantôme n’est pas encore apparu. Il y a bien la possibilité de se cacher sous le lit, mais au final, si c’est pour devoir attendre de longues minutes qu’il s’éloigne, pour enfin ressortir, repartir dans le couloir et retomber sur elle qui de toute façon reste à l’étage et ne disparaît pas, quel intérêt de se fatiguer à être créatif et perdre son temps ? Autant mourir, recommencer, et se dépêcher d’aller où l’on sait qu’on doit aller grâce à notre tentative précédente.
C’est ce principe que je trouve bidon et qui contribue à rendre Infliction plus que décevant, désagréable.
Verdict = dispensable
Note(s)
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