Knights of the Temple II (PS2)
Par Pierre Compignie le jeudi 9 septembre 2021, 12:41 - Archives
Mon aventure se trouve fâcheusement écourtée par un défaut de conception abusé. Concrètement, j’ai pu sortir d’un lieu par un passage à sens unique alors que je n’avais pas récupéré au sein de ce lieu un objet essentiel à ma quête. Je ne peux plus retourner dans ce lieu et donc je ne pourrai jamais voir la fin du jeu. C’est vraiment bête. Il faudrait que je recommence mais je n’ai pas la motive. Certains niveaux sont très intenses mais aussi exténuants : des labyrinthes claustrophobes et obscurs qui mettent le sens de l’orientation à rude épreuve pour ne pas se perdre et tourner en rond indéfiniment dans le noir…
Mais heureusement, KOTT2 ce ne sont pas que des ténèbres. Au contraire. Ce jeu nous met dans la peau de Paul de Raque, un Templier qui parcourt au treizième siècle le bassin méditerranéen à la recherche de trois artéfacts capables de sceller pour de bon la porte des Enfers qui menace de s’ouvrir… On explore des ports, des villes, des îles aussi. Visuellement, le jeu est magnifique. Il a une patte incroyable. La musique s’accorde merveilleusement à l’histoire, illustrant un poème enchanteur, épique et tragique. L’ambiance est captivante.
KOTT2 est un jeu merveilleux à découvrir par soi-même, sans aucune soluce (lire une soluce gâche tout). Comme les développeurs ne nous tiennent pas par la main et ne nous expliquent pas tout, on tâtonne. Dès le début, on choisit sa destinations parmi trois villes (dans chacune doit se trouver un des artéfacts). Par laquelle commencer ? Est-ce que cela change quelque chose ?
Ensuite on explore la ville choisie et on se demande où est l’artéfact. Alors on parle aux gens. On peut leur demander du travail, comment les aider. C’est normal, Paul se veut un chevalier du bien, un bon chrétien. On accepte des quêtes, en se demandant si elles sont annexes ou si elles vont nous donner une piste vers l’artefact.
On tâtonne, on enquête. Pareil avec le système de jeu. Plein de compétences à débloquer/améliorer avec ses points d’expérience, mais quel est le meilleur investissement ? Et « maîtrise des armes », cela fait quoi au juste ?
En continuant d’investiguer, on se retrouve emprisonné dans un souterrain et à chercher dans la pénombre un des fameux atéfacts. Plus tard, quelqu’un nous indiquera une île voisine et ce sera une nouvelle destination possible avec notre bateau.
KOTT2 nous largue dans un univers original à l’ambiance enivrante et nous laisse nous débrouiller pour atteindre notre objectif et accomplir notre destin de Templier. La réalisation rend cela grisant.
J’ai joué en mode de difficulté normal et ça m’a semblé bien. Parfois j’ai bloqué mais juste ce qu’il faut. D’ailleurs j’ai fait une partie du jeu sans savoir que je pouvais sauvegarder n’importe quand (on « gagne » une sauvegarde tous les dix ennemis tués je crois), de fait je recommençais à la dernière sauvegarde auto, au début du niveau ; ça me mettait une bonne pression !
KOTT2 encourage la progression patiente. J’ai de suite adoré le fait que dans les ports, on puisse mourir en tombant dans l’eau. Combien de jeux aujourd’hui nous laisse tomber d’un rebord, sans barrière invisible ou sans personnage qui se raccroche tout seul ? De fait j’ai souvent incliné le stick gauche avec délicatesse pour que mon personnage avance en marchant, sans courir. De même en évoluant sur une petite poutre au-dessus du vide ; de même en avançant dans un labyrinthe obscur, éclairé par une torche, en scrutant les murs à la recherche d’un éventuel passage secret… J’ai fait corps avec Paul dans ces moments-là.
Et de manière générale, le jeu est très immersif. La curiosité perpétuelle qu’il demande, les quêtes peu nombreuses mais jamais triviales (où sont les gremlins ? qu’est-il arrivé au fils disparu?), le fait de chercher à suivre la voie du Bien à tout moment pour espérer découvrir une fin heureuse au périple de Paul (le manuel du jeu nous prévient que l’on peut gagner des points de destinée blancs ou noirs qui jouent sur le dénouement) qui fait aborder posément les choix de dialogues avec les persos secondaires et jusqu’à remettre en question s’il convient d’accepter une quête moralement douteuse… KOTT2 n’est vraiment pas un jeu comme les autres.
Voici les conseils que j’aurais aimé avoir, pour ne regarder aucune soluce et ne pas me retrouver condamné à ne pas finir le jeu :
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sur l’île des morts, ne quitte pas l’endroit dont l’entrée s’écroule avant d’être certain d’avoir tout trouvé, sous aucun prétexte ; encore mieux, fais une sauvegarde au début de l’île des morts et ne l’écrase pas ;
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l’énigme avec les quatre symboles vert/jaune à tourner, ne désespère pas et ne pense pas que la solution est arbitraire comme dans les pires pointer-cliquer que tu as joués ; la solution est dans la pièce
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enfin, je n’ai pas expérimenté cela mais l’ai lu sur internet, sur l’île du premier portail fais bien une sauvegarde quand tu arrives et ne l’écrases pas
Voilà, si j’avais eu ces conseils mon périple aurait pu être mené à son terme et je n’aurais pas consulté de soluce. Cela aurait été bien mieux mais en l’état, j’ai quand même passé une chouette dizaine d’heures en compagnie de Paul de Raque.
Peut-être le recommencerai-je un jour dans sa version Xbox techniquement supérieure...
Verdict = vaut le coup !