F.E.A.R. Files (360)

2020

Files est une édition constituée des extensions Extraction Point et Perseus Mandate.

Ces deux extensions me semblent vraiment à l'image du jeu original : scénario rachitique, décors impersonnels de bureaux, entrepôts, sous-sols en construction se répétant ad nauseam, et puis des fusillades sympa.

Ces dernières ont ceci de sympa qu'on peut d'abord cacher le réticule et tirer au jugé et profiter en plein écran des impacts sanglants et autres balles traçantes. Le démembrement occasionnel et aléatoire ajoute à la violence pyrotechnique, elle-même "magnifiée" voire fétichisée par une fonction de ralenti (qui est avant tout une aide de jeu, plus ou moins nécessaire selon le niveau de difficulté, appréciable en l'occurrence en mode normal avec la sensibilité de visée par défaut).

La dispersion des armes reste gérable. Killzone 2 me semble cependant toujours le maître en ce qui concerne l'intérêt du maniement des armes sans réticule. Les impacts et les réactions des ennemis aux tirs dans Killzone 2 sont imparfaites mais toujours les meilleures que j'ai vus dans ma vie de joueur. F.E.A.R. va dans le même sens mais une de ses grandes fautes est de ne pas du tout handicaper les ennemis qui sont sous notre tir. Dans Killzone 2, on arrosait un type au pistolet mitrailleur il dansait sous nos balles sans pouvoir riposter. Ce n'est pas le cas dans F.E.A.R. où les ennemis sont des "éponges à balles", c'est-à-dire qu'ils ne réagissent peu ou pas sous notre tir jusqu'à ce que leur barre de vie soit vide. Oh certes on "voit" des étincelles, du sang, etc. Mais ce n'est que visuel. La paralysie des ennemis sous notre feu nourri n'est pas un élément de game design comme ça l'est dans Killzone 2. Les ennemis arrosés continuent de nous tirer dessus jusqu'à ce qu'ils meurent. La victoire est donc souvent statistique, c'est-à-dire déterminée par le nombre de trousse de soins et de gilets pare-balles ramassés...

Beaucoup a été écrit sur l'intelligence artificielle (IA) du jeu. J'avoue ne pas y être très sensible. Pour moi un bon ennemi est un ennemi mort ; si je peux le tuer avant qu'il réagisse et ne pas éprouver son "intelligence" cela me va très bien. Après, oui ils envoient des grenades, oui ils cherchent parfois à nous contourner en passant par LE couloir transverse (il y en a toujours un ou souvent). Et parfois ils sont cons aussi comme n'importe quel ennemi de jeu vidéo, à rester trop longtemps à découvert, à marcher dans les mines que je pose, à ne pas arriver à shooter la tourelle que j'ai déployée, etc.

Mais ai-je envie d'une intelligence parfaite ? Ben non en fait. J'ai juste envie que les ennemis aient un comportement tel que le challenge de les affronter soit intéressant. C'est plutôt le cas ici, mais pas forcément plus qu'ailleurs pour un joueur en 2020. Il y a des jeux où affronter des ennemis qui ne font que nous foncer dessus peut être très amusant. Par conséquent je n'irai pas trop loin dans l'apologie de l'IA de F.E.A.R.

Honnêtement j'ai dû me forcer à finir cette compilation de jeux. Perseus Mandate m'a paru très long, après m'être déjà trainé du début à la fin d'Extraction Point (et de son générique interminable). J'aime bien jouer, j'aime bien faire des trucs à la manette et qu'il se passe des choses à l'écran ; et ma foi ces extensions de F.E.A.R. restent des jeux parfaitement fonctionnels. Simplement, j'ai de l'exigence envers mes sessions de JV, et là c'était pas loin d'être une totale perte de temps.

La fin de Perseus dans l'usine qui s'enfonce sous la terre, apparemment sans fin, est un décor à l'ambiance assez forte : claustro, oppressante, macabre. C'est le moment que je retiens de cette compilation.

A côté de ça ni l'histoire des deux extensions, ni leur challenge purement ludique n'ont suffisamment d'intérêt pour justifier les dix heures et plus qui sont nécessaires pour les parcourir en entier.

Et je n'ai pas parlé de l'horreur, tout simplement parce que je trouve cet aspect totalement raté dans toute la série. Dans F.E.A.R. il y a une entité, Alma, omnisciente, surpuissante (elle fait exploser n'importe qui dans un déluge de sang par la pensée), qui fait sans cesse étalage de ses pouvoirs sans limites et pourtant les quelques protagonistes n'ont jamais le bon sens de penser que quelque soit leur objectif, il n'y a simplement rien qui puisse être accompli contre cette antagoniste. Nous joueurs on le sait, c'est Alma qui tire les ficelles et fait ce qu'elle veut, mais on est visiblement la seule personne intelligente dans cette mascarade et on est obligé de suivre un tas de militaires cons comme la lune qui ne réfléchissent à rien et font comme s'ils avaient réellement une chance de s'opposer à elle avec leurs fusils d'assaut. Par dessus le marché notre personnage, le héros, est muet et n'a aucune personnalité (alors que dans Extraction Point on incarne rien moins qu'un des fils d'Alma).

Les personnages semblent donc totalement ignorer la réalité cauchemardesque, terrifiante de ce qui se déroule sous leurs yeux, et se contentent de tous y passer l'un après l'autre. Notre perso s'en sort car il est systématiquement le "chouchou" d'Alma (alors que dans Perseus on n'incarne plus son fils mais un soldat lambda donc c'est absurde). L'écriture est donc inconcevable de nullité et anti-immersive au possible.

Verdict = dispensable

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